Le football comme exutoire aux nombreux soucis
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les semaines passent et continuent de se ressembler à Madagascar. Les conditions de vie sont toujours aussi difficiles pour une population qui ne demande que l’assurance de pouvoir vaquer sereinement à ses occupations et avoir des moyens de subsistance suffisants. L’insécurité ne lui laisse plus aucun répit. Les faits divers le lui rappellent tous les jours et lui font parfois oublier que la Grande île est un pays en paix. Les attaques de “dahalo” et les tueries qui continuent de terroriser les habitants des localités retirées semblent cependant le démentir. La fusillade qui a eu lieu à Ikongo n’est pas prête d’être oubliée et la commission parlementaire qui vient d’être constituée fera tout pour que la lumière soit faite sur cet épisode sanglant. Ce sera pour les familles des victimes l’occasion de connaître la vérité, de voir la justice rendue et de pouvoir enfin faire leur deuil. Les députés continuant à siéger durant cette session méritent d’être salués pour leur assiduité contrairement à leurs collègues qui ont déserté les bancs de l’assemblée. Paul Bert Rahasimanana l’a fait remarquer publiquement. Cette sortie de l’élu a eu pour effet de faire réagir la présidente de la Chambre basse qui a annoncé des sanctions pour les absents. L’envoi par le ministère des Finances de la LFI 2023 est pourtant une raison suffisante pour être présent. C’est tout le fonctionnement de l’appareil gouvernemental qui est en jeu. Le financement de tous les projets de développement du pays s’y trouve. De sa participation à la COP27, Madagascar attend des retombées positives. Néanmoins, comme tous les pays pauvres, elle espère pouvoir bénéficier d’une petite partie des 100 milliards de dollars destinés à la lutte contre le réchauffement climatique. Ce sont les programmes d’aide alimentaire mis en place par l’UNICEF et l’USAID en faveur des millions de personnes victimes du “kere” qui vont en bénéficier.
La COP27 a rassemblé des dizaines de milliers de participants durant quinze jours. Les thèmes débattus sont capitaux pour l’avenir de l’humanité et malgré la prise de conscience des dirigeants de la planète, on n’a pas senti une volonté réelle de prise de décisions pour remettre les pendules à l’heure. C’est la réunion du G20 qui a beaucoup plus retenu l’attention des grands de ce monde. Il est vrai que la guerre russo-ukrainienne est une menace sérieuse pour la stabilité géopolitique de l’Europe et de l’Asie. Joe Biden, Xi Jinping et les chefs d’État des nations présentes ont surtout parlé de l’évolution de la situation dans le conflit entre l’Ukraine et la Russie. L’absence de Vladimir Poutine à ce forum est lourd de sens et permet de voir sa perte d’influence sur le plan international. Les États-Unis, la Chine, l’Inde et les pays occidentaux peuvent maintenant peser sur le rapport des forces qui existent dans cette guerre russo-ukrainienne. L’armée russe n’est plus aussi offensive qu’avant et doit se réorganiser et réviser les objectifs qu’elle s’était fixée en février 2022. Le président Zelensky, lui aussi, doit tempérer ses ambitions et tenir compte de l’avis de ses alliés occidentaux qui le poussent lentement vers la table de négociation.
Les Malgaches subissent sans broncher tous les revers de la vie actuelle. Ils restent stoïques malgré l’insécurité, l’inflation galopante et le chômage qui pourraient plomber leur moral. Dans la morosité ambiante, c’est un petit rayon de soleil qui va venir leur apporter un peu de joie : la Coupe du monde qui débute ce dimanche va les passionner durant un mois. Le football va être un exutoire pour oublier l’espace d’une soirée tous les soucis qui les accablent.
Patrice RABE