Encore une semaine de passée pour les habitants de la Grande île qui acceptent stoïquement les coups du sort et essaient de se redresser en rechignant quand même. Ils ont découvert qu’ils peuvent être victimes d’intoxication alimentaire et en périr s’ils ne prennent pas garde. Le nombre de victimes qui augmente de jour en jour les a horrifiés et ils demandent des explications à des autorités qui compatissent, mais qui, jusqu’à présent, ne leur fournissent que des réponses assez vagues sur les causes du mal. Les responsables pointent du doigt ceux qui vendent des aliments avariés. Ils parlent d’une certaine marque d’huile et de charcuterie dans le commerce. La psychose a gagné toute la population qui attend la prise de mesures très fermes contre ceux qui écoulent ces produits s’apparentant ainsi à du poison. Des destructions ont eu lieu, mais elles doivent être systématiques. Ces événements ne semblent pas être dissociés des délestages de la Jirama, responsables de la rupture de la chaîne de froid dans la conservation des produits périssables. Cette semaine a été néanmoins une parenthèse dans la vie mouvementée des Malgaches. Elle fut celle de la célébration du 65e anniversaire de l’indépendance que le pouvoir voulait grandiose et qui le fut. Les Tananariviens ont pu découvrir le show de jets d’eau et de drones du lac Iarivo. Ceux qui ont pu trouver des places au bord du lac ont pu voir un spectacle éblouissant, la majorité des citoyens se contentant d’en suivre la retransmission à la télévision. Le défilé militaire de Mahamasina fut, lui aussi, organisé de main de maître, une discipline très stricte régissant l’entrée de spectateurs munis de billets. La population a pu passer deux jours d’une joie simple, soit en famille soit en déambulant en ville.
Cette semaine, sur le plan international, est peut-être décisive dans le règlement du conflit entre Israël et l’Iran. L’attaque américaine contre les sites nucléaires iraniens a pris de court les deux pays. Le président américain a, dans la foulée, imposé à leur dirigeant un cessez-le-feu qu’ils ont accepté bon gré mal gré. Ils ont fini par respecter l’accord et ont fini par en appliquer les conditions. Le président Donald Trump a, dans un premier temps, exprimé sa colère vis-à-vis de la partie israélienne qui a continué ses opérations de bombardement. Elle a fini par céder, les Iraniens ont fait de même après avoir envoyé un missile sur la ville israélienne de Beersheba et un autre en direction du Qatar. L’opération américaine a été présentée comme un immense succès par le locataire de la Maison Blanche et a été très courroucé par les doutes exprimés par certains commentateurs sur la réussite des bombardements effectués. C’est tout son staff du bureau ovale qui est venu appuyer ses dires. C’est dans ces conditions qu’il est venu au sommet de l’Otan au Pays-Bas. Il y a été accueilli triomphalement par les membres. Il a convaincu les représentants des pays membres d’adopter l’augmentation de leur budget de la défense et d’arriver à terme, au chiffre de 5% du PIB. Donald Trump se présente donc maintenant comme un “faiseur de paix” et il rêve d’obtenir le prix Nobel.
L’Iran, après la série de frappes qu’il a subie de la part des Israéliens et des Américains, a toujours à sa tête l’ayatollah Khamenei. Le régime a certes été affaibli, mais sa structure est toujours la même. Il est en train d’opérer de nombreuses arrestations au sein de la population et de faire la chasse aux agents du Mossad ayant facilité la réalisation des actions de l’État hébreu. Il affirme que son programme nucléaire est seulement retardé.
La guerre russo-ukrainienne semble avoir été, quelque peu, éclipsée par le règlement du conflit israélo-iranien. L’armée russe s’est considérablement renforcée et continue à gagner du terrain, mais son avance est très lente. Donald Trump, auréolé par son succès au Proche Orient a pris de l’assurance et une certaine distance avec le maître du Kremlin. Sa démonstration de force sur la scène internationale est un avertissement envoyé aux dirigeants du monde Tous les observateurs se demandent comment il va peser sur la suite des événements. Le président américain affirme qu’il est en contact régulier avec son homologue russe.
Les habitants de la Grande île savent faire preuve de résilience et affrontent l’adversité avec courage. Les étrangers s’en étonnent et manifestent une certaine admiration devant cette patience dont ils font preuve. Le pouvoir ne peut que s’en féliciter, mais personne ne sait quelle peut en être la limite.
Patrice RABE
… c’est incompréhensible !
Le 14 juin 2025, un anniversaire a viré au cauchemar à Ambohimangakely. Une intoxication alimentaire massive a touché 39 personnes sur 51 invités, provoquant 20 décès et laissant 13 victimes dans un état critique. Les symptômes sont nets : nausées, vomissements, vision trouble ou double, signes typiques d’un botulisme. Et pourtant, au lieu de reconnaître un grave échec sanitaire, l’État tente un tour de passe-passe : transformer cette tragédie en affaire criminelle.
Qu’est-ce que le botulisme ?
Le botulisme est une maladie rare, mais potentiellement mortelle, causée par une toxine produite par la bactérie Clostridium botulinum. Elle se développe principalement dans les aliments mal conservés, notamment les plats faits maison contenant des œufs, de la crème ou des conserves. Les salades à la mayonnaise, les pâtisseries à base de crème et les jus artisanaux servis lors de la fête sont donc des suspects évidents.
Mais ce que le gouvernement évite soigneusement de mentionner, c’est le rôle joué par les coupures de courant répétées de la JIRAMA. Sans électricité stable, comment garantir la bonne conservation des produits sensibles . Le froid est une barrière essentielle contre ce type de bactérie. Quand la chaîne du froid saute, c’est la santé publique qui trinque.. Le taux d’attaque est extrêmement élevé (76%), tout comme la létalité (51%). Ce ne sont pas les chiffres d’un empoisonnement volontaire ciblé, mais bien d’une intoxication massive liée à des aliments mal conservés.
Et pourtant, pour éviter toute remise en cause de son incompétence, l’État préfère détourner l’attention. Il évoque un empoisonnement volontaire, invente des suspects, parle de mobile, comme dans un mauvais polar.
Mais le vrai coupable est connu : c’est la négligence de l’État, son incapacité à garantir un accès constant à l’électricité, à informer le public sur les risques alimentaires, à réagir rapidement à une alerte sanitaire.
Ce n’est pas la première fois que le régime au pouvoir transforme un fait grave en scénario délirant :
Apollo 21, une pseudo-tentative d’assassinat montée de toutes pièces.
La prophétesse brésilienne Johanna de Mamy Ravatomanga , instrumentalisée pour prédire le Covid-Organics.
L’histoire absurde d’une tentative d’assassinat contre Naina VARIRA par des scootéristes, jamais élucidée.
Et maintenant, ce drame humain, une crise sanitaire majeure, devient une affaire de meurtre collectif imaginé. Le tout, pendant que les familles pleurent leurs morts.
Il faut le dire : ce n’est pas un complot, c’est une négligence criminelle
La photo d’une ordonnance ayant fuité sur les réseaux sociaux confirme le diagnostic. Les symptômes ne trompent pas. Les morts ne sont pas les victimes d’un complot, mais de l’irresponsabilité d’un système incapable de garantir l’essentiel : la santé et la sécurité de ses citoyens. Si assassin il faut nommer, ce sont ceux qui préfèrent les feux d’artifice au-dessus du Lac Iarivo aux réfrigérateurs qui fonctionnent dans les quartiers populaires.
Dans les vraies démocraties Rainilainga , la procureure et le ministre de la santé finiront en taule !