Les habitants de Soamahamanina n’auraient jamais pensé qu’ils seraient un jour sous les feux de l’actualité. Leur ville est devenue en l’espace de deux mois le fer de lance d’une contestation qui, si le pouvoir n’y prend pas garde, risque de s’étendre jusqu’à la capitale. C’est d’abord les paysans des environs très proches qui sont en train de rejoindre le mouvement de révolte de la localité. Le bourg, ces derniers jours, a été le siège d’affrontements assez violents et ces scènes ont commencé à émouvoir une partie de l’opinion. Elles donnent un certain crédit à une opposition qui se dit victime d’une certaine intolérance du régime. Après l’interdiction de son « meeting » au gymnase couvert de Mahamasina samedi dernier, cette dernière affirme qu’elle est maintenant totalement muselée par le régime. Le front uni de l’opposition est maintenant sur la défensive et certains de ses membres sont, selon leur dire, sous la menace d’arrestation. La situation politique actuelle est donc très tendue et on peut penser que certaines personnes seraient tentées de recourir à des solutions extrêmistes. Le régime est loin d’être tranquille, car il est en butte à de nombreuses difficultés. Il n’a pas l’assurance d’accueillir les participants des deux grands sommets internationaux qui vont avoir lieu à Antananarivo dans les meilleures conditions, les préparatifs avançant cahin-caha. A quelques jours du début du sommet de la COMESA, on ne sent pas la fièvre monter chez les organisateurs. Le président de la République et son entourage se disent tout à fait confiants quant à la réussite de ce grand rendez-vous. En déplacement, cette semaine à Toamasina pour une série d’inaugurations, le chef de l’Etat s’est affirmé tout à fait serein sur le contexte politique qui règne dans le pays. Il reproche aux opposants leur impatience.
Cette semaine a vu la disparition d’une des grandes figures de l’histoire du XXe siècle. Le président israëlien Shimon Peres s’est éteint mercredi dernier à l’âge de 93 ans. Cet homme d’Etat a participé à toutes les grandes étapes de l’histoire d’Israël. Il a été l’artisan des accords d’Oslo qui lui vaut le prix Nobel de la paix avec Ytzhak Rabin et Yasser Arafat en 1994. Il devient président de l’Etat d’Israël en 2007. En Israël, l’hommage de toute la classe politique est unanime. Une vingtaine de chefs d’Etat autant de ministres et plusieurs dizaines de dignitaires venus du monde entier sont venus assister à ses funérailles qui vont avoir lieu ce matin. La mort de ce géant du XXe siècle et le respect qu’on lui témoigne ne peuvent éclipser l’actualité immédiate qui se déroule au Proche Orient.
Le calvaire des habitants de la ville d’Alep. Les médias occidentaux qualifient Alep de ville martyre. Cette dernière est ensevelie sous un tapis de bombes lâchées par l’aviation russe et l’artillerie syrienne. Bachar El Assad et son allié n’ont jamais voulu respecter la trêve conclue sous l’égide du conseil de sécurité. Ils veulent à tout prix reconquérir cette ville et se moquent des milliers de pertes en vie humaine qu’elle occasionne. Les Syriens et les Russes profitent de la période de floue engendrée par la campagne présidentielle américaine. L’administration Obama qui est sur le départ ne veut prendre aucune initiative.
Madagascar vit une période plutôt trouble de son histoire. Le régime actuel peut se vanter d’empêcher toute contestation, mais n’est cependant pas tout à fait à l’abri d’une explosion sociale comme celle ayant emporté les régimes précédents. L’avenir pour lui n’est pas écrit. Seul le dialogue est la solution idoine pour lui permettre de sortir de la voie où il se trouve.
Patrice RABE