En ce mois de février, les semaines passent, mais aucune éclaircie n’apparaît dans le ciel malgache. La Grande île subit les assauts des systèmes cycloniques qui, cette année, sont d’une force destructrice rarement égalée. Le pays mettra du temps à se remettre de leur passage qui a causé ruine et destruction. Le bilan des dégâts d’Ana, Batsirai et Dumako est particulièrement lourd. Les populations qui ont dû quitter leurs habitations pour se réfugier dans les centres d’hébergement sont dépendantes des aides octroyées par le BNGRC. On compte aujourd’hui dans toute l’île plus d’une centaine de milliers de sinistrés. Dans le Sud-est, tout n’est que désolation. Actuellement, Toamasina est sévèrement touchée après le passage de Dumako. Maintenant, les services météorologiques suivent de près le trajet d’Emnati qui va certainement entrer dans le Nord du pays au début de la semaine prochaine. Il s’agit d’une tempête tropicale qui va sûrement devenir un cyclone dans les jours à venir. Les Malgaches avaient oublié ce qu’un système cyclonique peut provoquer, le pays ayant été relativement épargné ces dernières années. Il va falloir, après la saison des cyclones, s’atteler à la reconstruction. Madagascar qui ne s’est pas encore remise des conséquences de la pandémie de Covid-19 doit trouver les ressources financières nécessaires pour rebâtir les infrastructures détruites et remettre en marche une économie fortement impactée par la crise. La situation sanitaire engendrée par la Covid-19 semble avoir été occultée pour le moment. Le virus continue pourtant de circuler. Le bilan officiel publié le week-end dernier laisse paraître une légère baisse du nombre de décès, mais les autorités médicales restent vigilantes. Le virus continue de se propager. On sait que les différents variants sont très contagieux. Les recommandations sont toujours les mêmes : incitation à la vaccination, port du masque nécessaire et respect des gestes barrières. L’injection des doses « boost » ou doses de rappel va commencer dans les vaccinodromes. Dans ce contexte difficile surgissent des problèmes politiques qui sortent le microcosme de sa léthargie. La démission du ministre de la Justice est en train de provoquer des remous au sein d’une majorité présidentielle qui n’est plus aussi sûre de son unité. Les interpellations du vice-président de l’Assemblée nationale à propos du sort de sa circonscription ravagée par Batsirai ont provoqué des remous chez les partisans du pouvoir. Son rappel à l’ordre lors d’une réunion de tout l’État major de l’IRD a, semble-t-il, mis fin à la contestation.
Sur le plan international, ce sont les problèmes de géopolitique qui dominent l’actualité. Les yeux de tous les observateurs sont tournés vers la frontière ukrainienne. La situation reste très tendue car les troupes russes qui sont massées dans la partie tenue par les rebelles sont sur le pied de guerre. Les avertissements lancés par les Américains et les Occidentaux entretiennent l’incertitude sur la décision que Vladimir Poutine va prendre. Ce dernier souffle le chaud et le froid en affirmant qu’une partie de ses troupes s’est retirée. Les analystes tablent sur une désescalade.
La France a décidé de retirer ses troupes de la force Barkhane du Mali. La décision a été annoncée lors du sommet organisé avec les pays du Sahel. Elle était attendue depuis un certain temps car le divorce était consommé entre la France et la junte militaire au pouvoir à Bamako.
Madagascar n’est pas encore sortie de la période cyclonique et elle va continuer à être impactée par d’autres systèmes qui sont particulièrement destructeurs, cette année. C’est tout le pays qui retient son souffle en attendant l’évolution d’une situation dont il n’est pas maître. Madagascar est plus que jamais dans l’œil du cyclone.
Patrice RABE