La logique aurait voulu qu’on parle plus cette semaine du devenir du pays en particulier ou de son désormais ex dirigeant Andry Rajoelina, mais le compère de ce dernier, Ravatomanga Mamy, Pierre Bleue pour les anonymes volontaires, lui a pris les devants de la scène médiatique. Les salles de rédaction, tant nationales qu’internationales, s’empressent de glaner des informations sur ses démêlés avec la justice mauricienne. Pourquoi cette inversion de rang ? Peut-être que la Grande Ile, largement réputée comme étant le pays faisant partie des plus pauvres de la planète a caché une présence incongrue qui émerge de la gadoue, un richissime typiquement malgache en dollars américains (s’il vous plaît).Un personnage qui fait partie du gotha des magnats avec la panoplie standard (résidences de luxe, de jets privés, club de golf, hôtels 5 étoiles, myriades de sociétés, comptes bien garnis mais camouflés dans des banques éparpillées dans le monde). Et il faut souligner en plus un savoir-faire en ingénierie financière digne de celui des personnages de Paul-Lou Pulitzer, homme d’affaires et écrivain français, inventeur d’un genre littéraire : le « western financier ». Doté d’un passif scolaire obscur et inachevé, il est arrivé, à ses débuts, la vingtaine, à rouler, déjà, dans la farine les plus grands universitaires du pays, puis la suite n’a été qu’une série de miracles de plus en plus prolifiques en dollars. Tant et si bien, que le système judiciaire mauricien, aujourd’hui, lui donne du fil à retordre. Ces Mauriciens qui essayent, de leur mieux, de polir une image qui, naguère, traînait une triste réputation de paradis fiscal, sont bien embarrassés. Mais assisté d’une pléiade d’avocats, Ravatomanga tient fermement à sauvegarder « ses » avoirs.
Sinon, dans les nouvelles nationales, on notera deux anecdotes; d’abord, la nomination d’un nouveau Premier ministre qui n’a pas fait naître que des éloges ou de félicitations, Herintsalama de son prénom est trop connu pour avoir été un technocrate au service des puissants du milieu financier et économique malgache, encore de grands débats en perspective. Puis, Michael Randrianirina, le nouvel homme fort a reçu en premier lieu l’ambassadeur de Russie et après lui, celui de la France, ordre qui n’est pas si anodin qu’il ne paraît. Enfin, dans l’avenir proche du pays les capacités de nuisance (ils en ont surement) des fuyards entraveront-elles la recherche de sérénité à laquelle le peuple aspire ?
M. Ranarivao


