Le refus clair et net du préfet signifié aux organisateurs d’une manifestation destinée à montrer le ras-le-bol des Malgaches devant les nombreuses difficultés rencontrées dans leur vie quotidienne n’a pas empêché le public de venir aux abords de la place du 13 mai. Les forces de l’ordre massivement présentes ont interdit l’accès de l’enceinte de l’hôtel de ville, mais l’appel à manifestation a été entendu par de nombreuses personnes malgré les avertissements lancés par les responsables des forces de l’ordre. Le message adressé au pouvoir a été explicite et il montre qu’une crise sociale est en train de couver. Toutes les conditions sont réunies pour qu’elle éclate. Les problèmes auxquels la population est confrontée peuvent la pousser à la révolte si des solutions ne sont pas apportées. Les coupures d’électricité et la rupture d’approvisionnement en eau ont porté l’exaspération de certains consommateurs à son comble. Les efforts de la Jirama pour rétablir une situation normale sont méritoires, mais ils ne suffisent pas car il y a encore de nombreux ménages qui supportent les conséquences de ces perturbations. Les dirigeants font le dos rond pour le moment et ils ne répondent pas directement aux critiques lancées. Ils laissent l’orage passer. Les déplacements du chef de l’État en ce moment lui permettent d’annoncer la réalisation prochaine de projets qui correspondent à ses « velirano ». Il lorgne certainement aussi sur l’attitude de l’ancien président Marc Ravalomanana qui est arrivé avant-hier à Toliara et qui a réalisé un bain de foule. Il célébrera demain sur place son anniversaire. On serait tenté de dire que les deux protagonistes de la crise de 2009 sont en train de se livrer à un duel à distance. Cette semaine a été marquée par la tenue du procès de l’affaire Apollo 21. Les principaux accusés ont été entendus et les auditions vont continuer. C’est l’occasion pour la justice de clore un dossier qui embarrasse les protagonistes et le pouvoir. La Covid-19 n’a pas assombri gravement l’horizon sanitaire de la Grande île. La progression des contaminations n’est pas exagérée. Les cas positifs sont dûs, disent les autorités médicales, à des souches locales. Il n’y a pas de cas importés
Sur le plan international, l’épidémie de Covid -19 reste l’un des sujets principaux des médias. Dans tous les pays, la progression des cas de contaminations est évidente. Les hôpitaux commencent à être saturés. On assiste à une déprogrammation des actes médicaux non liés à l’épidémie pour l’accueil des malades du Covid. On remarque que la majorité d’entre eux n’a pas été vaccinée. Dans le même temps, la campagne de vaccination s’est accélérée.
En France, la pré-campagne présidentielle bat son plein. L’élection de Valérie Pécresse à la primaire des Républicains est en train de changer la configuration de la prochaine élection présidentielle. Elle est aujourd’hui créditée de 20% d’intention de vote au premier tour. Eric Zemmour est passé dans les sondages en quatrième position. Emmanuel Macron, même si c’est un secret de polichinelle, n’a pas encore annoncé sa candidature. Il est largement devant tous les autres candidats.
C’est un mois de décembre assez délicat que la Grande île va vivre cette année. La crise sociale qui couve peut éclater à tout moment. La population a toujours supporté les épreuves les plus pénibles avec résignation, mais cette fois-ci, elle est arrivée au bout de l’exaspération. La réponse du pouvoir à ses difficultés doit être à la hauteur des défis qui lui sont proposés. L’exaspération des Malgaches est à son comble.
Patrice RABE