C’est la semaine la plus noire, au propre comme au figuré, que les consommateurs de la Jirama ont vécue. Ils n’ont jamais été victimes de délestages aussi longs depuis le début de leurs déboires avec la société d’État. Les promesses d’un assainissement de sa gestion ont fait long feu. La perspective d’un retour à la normale s’éloigne de plus en plus et les dégâts causés à l’économie malgache se chiffrent en plusieurs centaines de milliards d’ariary. Le constat est amer mais pour empêcher totalement le navire de sombrer, l’État doit prendre le taureau par les cornes et à défaut de faire des miracles, sauver ce qui peut l’être. Les trois ministres de l’Énergie qui se sont succédé depuis le début du mandat du président Andry Rajoelina n’ont pas réussi à redonner l’impulsion nécessaire pour remettre à flots une Jirama moribonde. Les responsables qu’ils ont nommés n’ont pas réussi à en faire une compagnie pouvant assurer les besoins de ses clients. Ces derniers jours, elle a touché le fond et ce qu’ont enduré les consommateurs ne leur permet plus de rester passifs. On connaît la résilience des Malgaches, mais le passé montre qu’il y a une limite à ne pas dépasser. Les autorités au plus haut niveau en sont conscientes et elles ont décidé de trouver au plus vite des solutions. Pour le moment, elles essaient de parer au plus pressé car c’est vers le moyen et long terme qu’il faut se tourner pour rétablir la situation. Les pertes financières de la société d’État se chiffrent en centaines de milliards et recouvrer les impayés des consommateurs est la première tâche à laquelle ses dirigeants doivent s’atteler. On a appris qu’ils auront recours à une société spécialisée pour leur recouvrement. Les problèmes de la Jirama ont tenu certes une place importante dans l’actualité de cette semaine, mais la politique et plus précisément, les séances de la session ordinaire de l’Assemblée nationale ont retenu l’attention des observateurs. Le passage des membres du gouvernement devant les députés a suscité des commentaires peu amènes de ces derniers. Aucun débat n’a eu lieu lors des différentes présentations. Le Premier ministre a affirmé qu’aucune révision du code électoral n’aurait lieu.
Sur le plan international, c’est toujours la situation géopolitique en Europe qui reste le sujet de préoccupation majeur des professionnels des médias. Aucun analyste ne peut donner un état des rapports de force sur le front russo-ukrainien. Personne ne sait exactement quand la contre offensive de l’armée ukrainienne aura lieu. Certains commentateurs disent qu’elle a déjà commencé et qu’elle a pris la forme de harcèlements des forces russes en différents points du front pour les épuiser. On note que des attaques menées par des hommes se déclarant opposants russes ont eu lieu à la frontière de la Crimée. Des actions de sabotage ont également été menées sur le territoire russe. L’état-major de l’armée ukrainienne reste discret sur sa stratégie.
C’est vers une Jirama très mal en point que convergent les critiques de tous les consommateurs malgaches. En empruntant un langage médical, on peut dire qu’un remède de cheval devrait lui être administré car on l’a laissé lentement péricliter. Il lui faut impérativement remonter la pente. L’État est en première ligne pour sauver une situation plus que jamais critique.
Patrice RABE