Les semaines se suivent et se ressemblent. L’impression d’une fuite en avant du pouvoir se vérifie de jour en jour. La situation semble lui échapper progressivement . Les problèmes que l’Etat doit résoudre ne font que s’aggraver et malgré tous ses efforts, les résultats ne suivent pas. Le mécontentement de la population grandit avec la fréquence des délestages et de l’accroissement de l’insécurité. On sent une colère sourde grandir chez les citoyens. Cette rancœur ne s’exprime pour le moment que verbalement ou sur les réseaux sociaux. Les manifestations des usagers de la jirama sont sporadiques, mais elles ont été, pour le moment, maîtrisées car personne ne veut sauter le pas, le souvenir des répressions passées étant présent dans tous les esprits. Tous les acteurs de la vie politique veulent respecter la légalité et refusent tout affrontement avec les forces de l’ordre. Le leitmotiv est le même : « les élections doivent se tenir coûte que coûte ». Le pouvoir poursuit le même objectif, mais on s’aperçoit que sa manière de l’atteindre n’est pas claire. Au fil des conseils des ministres, des annonces sont faites et l’on attend qu’elles se traduisent en actes. Les interpellations se multiplient, mais elles sont parfois sans réponse. C’est lors de la session ordinaire de l’Assemblée que des élus espéraient avoir des éclaircissements sur la conduite des affaires de l’État. Le face-à-face entre députés et membres du gouvernement n’a pas eu lieu. Il a été reporté à la demande des membres de la majorité présidentielle qui voulaient un bureau permanent au grand complet. L’opposition est donc restée sur sa faim et nul ne sait si ce débat, tant espéré, aura vraiment lieu. Comme il est coutume de dire, « qui vivra verra » . Dans le même temps, l’abandon de la loi de finances rectificative a été décidé par le gouvernement qui va pouvoir faire des affectations de crédit par décret. Le Premier ministre a précisé que cette solution avait été choisie pour ne pas retarder les actions de l’exécutif.
La situation sur le front russo-ukrainien reste toujours aussi confuse. Les observateurs n’arrivent pas à connaître les véritables plans des états majors sur le terrain. Ils se perdent donc en conjectures et supposent que la contre-offensive ukrainienne a déjà débuté. C’est dans ce contexte qu’a eu lieu la destruction du barrage de Kakhovka dans la région de Kherson, en Ukraine. Cette catastrophe s’est produite dans une région, en partie occupée par les Russes. Les inondations provoquées par cette démolition sont dramatiques, de nombreux habitants ayant été évacués. Les accusations de sabotage ont été lancées des deux côtés. Vladimir Poutine et Volodimir Zelensky ont affirmé que c’est la partie adverse qui a fait exploser le barrage. L’état major russe affirme avoir repoussé des assauts des forces ukrainiennes accréditant l’idée que les Ukrainiens ont lancé leur contre-offensive. Pour le moment, les Américains et les Britanniques restent très prudents dans leur analyse de la situation. Ils n’incriminent pas directement les services russes, contrairement aux occidentaux qui sont plus affirmatifs dans leurs accusations.
Le climat sociopolitique est de plus en plus tendu, les récriminations des consommateurs concernant les délestages ne cessant pas. L’espoir d’un retour à la normale annoncé en cette fin de semaine par la jirama a été déçu. C’est vers l’Etat que tous les yeux se tournent même s’il est impuissant devant les impondérables : l’arrivée du gasoil à Toamasina ne résoudra pas tout de suite tous les problèmes. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil hivernal de ce mois de juin. On peut dire que la sortie du tunnel n’est pas prévue de si tôt.
Patrice RABE