
La présence bantoue dans le centre de Madagascar serait le fait d’un refus d’une l’islamisation imposée. Difficile à accepter, mais l’Afrique coule dans les veines de l’Amoronkay.
« J’ai vingt-six pour cent de gènes bantous », fait savoir Michaël Randriamaniraka, spécialiste de l’Amoronkay, ayant déjà effectué des recherches sur cette aire géographique et historique depuis 2007. Si les explications les plus avancées parlent du commerce des esclaves, il est assez difficile de supposer que la traite africaine était destinée à un marché peu rentable comme Madagascar.
Un autre postulat met plutôt en lumière la présence des gènes bantous dans les descendants d’Amoronkay, il est encore impossible de parler de généralisation, à cause des premières migrations. Que Roger Blench a souligné dans « Bananas and Plantains in Africa : Re-interpreting the linguistic evidence » – 2009, les austronésiens sont arrivés en Afrique vers –500 avant J.C. Des études génétiques sur les bananes, apparemment introduits par les indiens, sont finalement reconnus comme d’origine austronésienne.
Vers le cinquième siècle, l’expansion islamique touche l’Est africain. « Les austronésiens et les bantous étaient installés le long de la côte Est africaine, notamment au Mozambique. Quand la civilisation arabe, sous le sceau de l’islamisation s’y est développée, les Bakongo se sont déplacés vers le centre du continent tandis que les Austronésiens se sont dirigés vers Madagascar, dans les terres centrales. Sûrement, les descendants des deux peuples se sont mariés. Voilà pourquoi il y a présence africaine dans nos gènes », développe Michaël Randriamaniraka.
Quelque part, « c’est la raison pour laquelle le protestantisme est adopté comme religion d’Etat dans le Centre de la Grande île. Il suffit de voir les collines et les monts à travers l’Imerina. Il est plus facile de voir une église chrétienne y trôner qu’une mosquée », ajoute-t-il.
La présence bantoue en terre centrale, dans une aire où l’influence culturelle et sociale de l’Asie de l’Est est solide, relate ce qui prévaut dans tout Madagascar. Les dernières recherches génétiques affirment que tous les Malgaches, sans exception, possèdent deux fonds de base, africain et asiatique. Auxquels s’agrippent des gènes européens, arabes… C’est le taux de répartition qui différencie chaque région.
Dans son mémoire, « Étude exploratoire sur les origines du peuplement de l’île de Madagascar : Une approche de craniométrie comparative appliquée sur des populations modernes », présenté à l’Université de Montréal, Caroline Deswarte affirme que « l’origine double (Afrique/Asie) semblerait plus égale pour les hommes que pour les femmes (où l’Asie semble prédominée ) ceci pourrait s’expliquer par de nombreux facteurs culturels et démographiques (par ex: composition des vagues migratoires, grande mobilité des hommes),mais difficiles à identifier précisément ».
« Ici, à Amoronkay, le respect de la religion traditionnelle reste encore vivace », révèle le spécialiste de la région. Entre le maintien d’un patrimoine ancestral et outil politique contre l’islamisation et la christianisation, la croyance malgache est devenue également une revendication identitaire.
Maminirina Rado