
Selon un rapport de la Banque mondiale, l’industrie minière représentait, en 2013, 9% de l’emploi industriel, sans compter les nombreux emplois de l’exploitation à petite échelle et artisanale.
L’attractivité du secteur minier est en berne. C’est le constat que partage Jean-Luc Marquetoux, Président du Conseil d’Administration de la Chambre des Mines de Madagascar, dans une Tribune publiée dans Jeune Afrique du 26 février dernier.
Sombre tableau
Une manière de dresser un sombre tableau de ce secteur qui devait pourtant jouer un rôle de premier ordre dans le développement économique du pays. « Selon un rapport de la Banque mondiale, l’industrie minière représentait, en 2013, 9% de l’emploi industriel, sans compter les nombreux emplois de l’exploitation à petite échelle et artisanale. Elle a attiré des investissements directs étrangers (IDE) records pour le développement des mines d’Ambatovy (plus de 8 milliards de dollars) et de QMM (plus de 1 milliard de dollars Les IDE chutent de 70% en dix ans Mais, alors que ce rapport anticipait, sur la base de cette tendance, une contribution de l’industrie minière à hauteur de 14% du PIB en 2025, elle est aujourd’hui inférieure à 5%. Et la part des produits miniers dans les exportations régresse : 40,43% en 2014, et 27,59% en 2018 ». Ce qui est plus inquiétant, selon toujours le Président de la Chambre des Mines, c’est que « Aucun grand projet n’est entré en opération ces dernières années. Et les IDE , dont le secteur minier est la première source, ont chuté : 227 millions de dollars en 2019 contre 808 millions en 2010 ».
Instabilité du climat des affaires
Pour le Président de la Chambre des Mines de Madagascar, les principales raisons de cette situation sont connues. « Les petits et moyens producteurs qui exploitent majoritairement pierres précieuses et semi-précieuses manquent d’accès aux financements. Quant aux futurs grands projets miniers, ils pâtissent de l’instabilité du climat des affaires et de la non-application du cadre légal. C’est notamment le cas du projet d’ilménite de Base Toliara, suspendu depuis novembre 2019 alors que la décision d’investir près de 600 millions de dollars allait être prise ». Une situation qui nécessite selon Jean-Luc Marquetoux, l’instauration d’un climat des investissements plus attractifs. « Pour y remédier, comme le souligne la Banque mondiale, il faut impérativement rétablir l’attractivité du secteur et la confiance des investisseurs. Les grands projets existants doivent bénéficier d’un soutien public affirmé. Des mesures simples peuvent être adoptées sans délai. L’actuel code minier intègre déjà selon nous les besoins de l’industrie et les intérêts de l’État. Sa réforme doit passer par un dialogue ouvert, transparent et équilibré avec l’ensemble des opérateurs ». Par ailleurs, « les autorités doivent lever le gel sur la délivrance des permis miniers, qui menace la survie des petites et grandes mines. Et les grands projets existants, dont l’exploitation de la bauxite de Manantenina, du graphite dans les régions Sud et Est et de l’ilménite de Base Toliara doivent bénéficier d’un soutien public plus affirmé dans la mesure où leur démarrage rapide permettra d’appuyer la relance économique à court terme ».
Bref, il s’agit de rétablir l’attractivité de notre pays auprès des investisseurs en améliorant la perception du climat global des affaires. A plus long terme, il importe de faire du secteur minier une force structurante de l’économie malgache pour une croissance économique durable, au profit du plus grand nombre.
Recueillis par R.Edmond