
Du 1er au 4 mai, l’évènement Mpamaliha animera les quartiers de la capitale. Enfin, une animation qui sort de l’ordinaire.
Initiative louable, permettant également de connaitre une partie de l’histoire d’un instrument traditionnel séculaire, le festival « Mpamaliha » a débuté hier. Aux manettes, la jeune Linda Volahasiniaina, le centre Volahasiniaina et cinq écoles de musique. Ce sera donc quatre jours d’atelier, de concerts publics et de flashmob. Linda Volahasiniaina a accordé son temps pour répondre à quelques questions.
La valiha, vous qui ne jouez depuis des dizaines d’années, racontez nous son histoire ?
Cet instrument a été joué depuis des millénaires. Je ne prétends pas tout connaitre, mais le seul que j’ai entendu l’évoquer dans ces recherches est Joseph Rakotonirainy, le fondateur du Tranokoltoraly. D’après un mythe « fondateur », il y aurait une personne qui a scruté un bambou. Elle en a ensuite tiré des cordes, deux ou trois. En les touchant, cela a créé un son. Soudain, elle a été étonnée que des gens commencent à danser avec ces premières mélodies.
Ensuite, l’instrument a traversé les siècles, pour investir les cours du roi parait-il ?
De la royauté à l’époque moderne, son histoire est faite de rejet. Il fût un temps où il était un instrument des cours royaux. Ensuite, avec l’arrivée des instruments modernes, il a été de plus en plus délaissé. Dans un premier temps, le piano a dominé la culture musicale à la Haute Ville. Alors, les joueurs de valiha sont descendus plus en amont, à Ambatonakanga. La guitare est alors arrivée. Celle-ci a chassé la valiha vers les bas-quartiers. Il n’était pas étonnant que plus tard, ce fût dans le quartier des 67 ha que s’est retrouvé un fabricant de valiha. Le terrain a été ensuite investi par un grand immeuble.
Qui sont maintenant les joueurs ou joueuses qui ont la carrure des Rakotozafy et Randafison ?
Ils sont presque tous partis hélas. Mais il y a encore, Daniel Ramaroson dit Radany. D’ailleurs, il sera présent pour les prestations. Il y a également Masy, Justin Valiha, Kilema et tant d’autres. Les Tombo Daniel, Jean Velesy Balsac sont déjà partis. Cependant, les jeunes d’aujourd’hui commencent à retrouver de l’intérêt à cet instrument. Le fait est qu’avec la valiha, il y a bien sûr des standards traditionnels à maîtriser. Par ailleurs, il est possible d’en jouer de manière contemporaine. En adaptant sa créativité à l’instrument.
Comment va se dérouler l’évènement « Mpamaliha » ?
Cet évènement est centré sur la valiha et les joueurs et joueuses. C’est le centre d’éducation artistique Volahasiniaina qui en est l’initiateur. Nous avons débuté par des ateliers d’initiation aux débutants. On va également faire un regroupement des joueurs déjà avancés sur ce que nous allons proposer pour les sessions de prestations à partir du 4 mai avec « Mpamaliha mitety tanàna ». Ce sera une soixantaine de joueurs et joueuses qui vont jouer à Andohalo, Ambohijatovo, Analakely et Antaninarenina. Le concert final aura lieu sur ce site.
Pour la dernière question, qu’est ce qui rend particulier cet instrument ?
Selon des preuves scientifiques, la valiha émet des vibrations déstressantes. Que ce soit pour le joueur qui au contact des cordes, les ressent à travers ses doigts. Et aussi pour ceux qui l’écoutent. Le son aigu de l’instrument, cette fréquence de son irrigue les tensions. Comme le violon, voilà pourquoi, dans certains pays, les parents initient leurs enfants au violon. Le son émis par cet instrument leur soutient dans leur développement personnel et leur épanouissement.
Des écoles vont participer, pouvez- nous en parler ?
Eh oui, ce sont des écoles qui intègrent l’apprentissage de valiha dans leurs activités où cet instrument se trouve à la base de leur activité principale. Comme Valiha Académie, Valih’art… Il y a également Poney et Gracias.
Recueillis par Maminirina Rado