
Dans son projet de réforme, le ministère de la Justice veut administrer d’une façon efficace et efficiente le service public de la justice, actuellement plus que fragilisé. De nouvelles infrastructures seront également mises en place.
On reproche fréquemment à la Justice son éloignement, et l’insuffisance de tribunal est criante. La distance est insupportable pour certains. Revoir ainsi la carte judiciaire et construire des tribunaux là où il n’y en n’a pas, sont plus qu’indispensables. En effet, le ministère envisage de construire de nouveaux tribunaux, surtout dans les districts qui n’en ont pas encore actuellement. En termes de statistiques, les chiffres démontrent une réalité implacable : on compte actuellement 42 tribunaux dans les 119 districts, 6 tribunaux administratifs et financiers et 6 cours d’appel. L’objectif est de développer une justice de proximité et de résoudre le problème d’accessibilité, a argumenté le secrétaire général du ministère de la justice, Herilaza Imbiki. D’autres projets de construction de nouveaux établissements sont aussi en cours. Le nombre des prisons va augmenter. Celui d’Imeritsiatosika, où une prison de haute sécurité devrait être inaugurée d’ici quelques mois, est un des projets phares du ministère.
Prohibitif. La construction des infrastructures est une priorité au niveau du ministère, mais mettre en œuvre les réformes ne sera pas non plus relégué au second plan. Dans ce cadre, l’amélioration du service public de justice occupera une grande partie dans cette réforme. A l’instar du volet concernant le traitement égalitaire des usagers devant le service public de la justice. « Il est fondamental, à part les questions judiciaires, que l’administration de la justice réponde aux attentes de la population et de l’intérêt général », a soutenu Herilaza Imbiki, secrétaire général du ministère de la Justice. Cette égalité devrait également se traduire au niveau de l’aspect coût où il est souvent prohibitif, selon certains observateurs, pour certaines couches sociales modestes. Aussi, l’amélioration du service public de la justice sera orientée pour satisfaire les usagers sur la qualité des décisions de justice, qui doit être « claires et compréhensibles », selon Herilaza Imbiki. Dans ce cadre, selon ce dernier, il est nécessaire de traduire en malgache les décisions de justice. Mais, il est aussi nécessaire, toujours selon ce dernier, que les magistrats entament des tournées administratives dans leurs circonscriptions pour répondre aux questions et expliquer les textes et les décisions de justice. « Les magistrats doivent être proches du peuple, même sur le plan social », a avancé le secrétaire général.
Ressources propres internes. Réformer la justice et éviter un fonctionnement défectueux du service de la justice, c’est également réfléchir sur la question épineuse concernant les moyens. « Il faut se donner les moyens pour mener cette réforme », a soutenu le secrétaire général du ministère de la justice. Il importe de pallier, à cet effet, le manque chronique de moyens. Jusqu’à présent, le ministère de la justice a misé sur les moyens du bord. Les constructions des nouveaux tribunaux et établissements pénitentiaires, pour cette année, sont supportées par les ressources propres internes du département. Mais le soutien des partenaires techniques et financiers n’est pas non plus négligeable. Un grand projet de modernisation d’une partie du service de justice est actuellement en cours d’élaboration en partenariat avec la Banque mondiale.
Répressions. La réforme est sur les rails, a rassuré le secrétaire général du ministère de la justice. Elle exige des hommes et des femmes dotés de valeurs et de compétences, a-t-il ajouté. Mais il est également nécessaire de réfléchir, selon ce dernier, sur le postulat « justice face aux enjeux et défis du développement ». En effet, au-delà « des réformes structurelle, législative et institutionnelle qui sont engagées, la question de l’impact socioéconomique de la justice reste également d’actualité. Dans cette optique, elle doit être correcte face à ses responsabilités, notamment dans le cadre des répressions des infractions économiques et financières, et dans la sécurisation des biens et des investissements. Toujours est-il qu’il ne faut pas oublier que le gage de la réussite de la réforme réside, selon Herilaza Imbiki, dans « le respect de l’indépendance de la justice, laquelle doit être loin des pressions et interventions en tous genres, conduite par un personnel honorant l’éthique et la déontologie ».
Rija R.