Dans un contexte où la transparence et la discipline sont devenues des enjeux centraux pour la stabilité des institutions militaires malgaches, le ministère des Forces armées, à travers sa Direction des affaires juridiques (DAJ), multiplie les actions de sensibilisation sur le respect des textes en vigueur. Une initiative saluée sur le fond, mais qui ne suffit pas à éteindre les polémiques. Depuis plusieurs mois, le colonel Patrick Rakotomamonjy, en rupture avec la hiérarchie et en cavale, publie des vidéos accusant des personnalités dont, entre autres, le ministre des Forces armées, le général de corps d’armée Monja Delphin Sahivelo, notamment en lien avec des prétendues affaires de corruption. Ces déclarations, bien qu’unilatérales, rencontrent un écho non négligeable dans l’opinion publique, jetant une ombre sur les efforts de redressement institutionnel.
Malgré ce contexte troublé, la direction des Affaires juridiques poursuit sa campagne de sensibilisation, selon une missive publiée par le ministère des Forces armées sur son compte Facebook. Sous la houlette de sa directrice, Nivonirina Noferana Rakotobe, plusieurs sessions ont déjà été organisées dans différentes Zones de défense et de sécurité (ZDS): dans l’Ankarana le 28 février, puis l’Andringitra le 15 mars et Pangalana le 3 avril dernier. Selon le ministère des Forces armées, la campagne va se poursuivre dans les régions Atsinanana et Atsimo Atsinanana. Ces rencontres veulent rappeler aux militaires leur obligation de respecter la discipline, l’éthique, la déontologie, ainsi que la législation en vigueur, qu’elle soit militaire ou de droit commun, a souligné le ministère.
Controverses internes
Les soldats y sont notamment instruits sur la nature des infractions susceptibles d’entraîner des sanctions pénales, civiles ou disciplinaires, et sont sensibilisés aux différentes formes de corruption, une pratique que le ministère affirme vouloir éradiquer. Le message est donc clair : aucun écart ne sera désormais toléré, et la rigueur sera de mise dans l’exercice des fonctions militaires. Cependant, cette volonté affichée de transparence et de rigueur se heurte à une réalité plus complexe. Les accusations du colonel Patrick Rakotomamonjy risquent d’alimenter davantage un climat de suspicion. La posture du ministère des Forces armées, oscillant entre communication pédagogique et silence sur les controverses internes, soulève des interrogations sur la réelle volonté de réforme en profondeur.
Pour certains observateurs, ces campagnes ne peuvent produire des effets durables que si elles s’accompagnent d’une mise à plat des dysfonctionnements internes, y compris au sommet de la hiérarchie. Sans cela, elles risquent de n’être perçues que comme un écran de fumée destiné à redorer une image ternie. Quoiqu’il en soit, dans une armée en quête de crédibilité, la discipline ne peut être à sens unique.
Rija R.