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mercredi, juillet 3, 2024
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Moasy : De guérisseur à vulgaire escroc

Derrière un grand roi, il y a toujours un conseiller-devin. Celui qui fait tout pour qu’il reste longtemps au pouvoir, pour qu’il ait une longue vie, pour que son règne soit gravé dans les mémoires à jamais.

D’Andriandahifotsy, jusqu’à Tsimiaro en passant par Andrianampoinimerina, tous avaient à leur côté un moasy, un voyant guérisseur qui leur chuchote à l’oreille. Cette tradition perdure même de nos jours, des intendants des régions ont leur « Merlin made in Madagascar ». Durant l’époque des royaumes malgaches, avoir un grand  devin paraissait normal.  Sans lui, le souverain assistait à  la chute de son royaume. Étant un intermédiaire entre le temporel et le spirituel, le moasy est investi d’une lourde charge. La société de l’époque avait également son médium. En fait, il est à la fois prêtre et psychologue. Il dicte ce que la communauté doit faire. Il est parfois le mpijôro, celui qui dirige les rituels. Donc, détenteur du savoir-faire légué par les ancêtres, il tient une place prépondérante sur un territoire déterminé. Il a de la notoriété, gagne le respect des habitants parce qu’il est le gardien de la tradition. Tsimivato Behasina affirme, « Autrefois les moasy ne demandaient pas de l’argent. C’étaient  les patients et les visiteurs qui leur donnaient  des cadeaux en guise de remerciement. Leur but n’était  pas de s’enrichir, loin de là ! Ils voulaient tout simplement que la société respecte les fady, les interdits et les tabous, ainsi que l’ordre établi par les aïeux… Ils étaient des prêtres. Ils écoutaient souvent les confessions. Ils étaient des confidents, des hommes ou femmes de confiance. Ils faisaient  leur travail, c’est tout ». Toutefois, l’arrivée des chrétiens sur le sol malgache a bouleversé la structure sociale. Les devins rencontrèrent des obstacles difficiles à surmonter. Les visiteurs se sont faits rares. Dès lors, ils furent pointés du doigt, la pratique ancestrale étant considérée comme de la sorcellerie. À leur tour, les colonisateurs se montrèrent hostiles à leur égard. Influencée, la majorité des autochtones a enterré ses  fétiches pour embrasser la croix. Mais dans les zones rurales, les lieux cultuels sont toujours fréquentés. Par conséquent, les campagnes deviennent des lieux de pèlerinage des traditionalistes, quoique des petites églises y soient implantées. Après l’Indépendance, les guérisseurs ont travaillé en cachette. Imbibés de la culture occidentale, les Malgaches citadins ont qualifié ces traditionalistes d’arriérés, déconnectés de la réalité. Cependant, la pérennisation des festivités coutumières, à savoir le fitampoha, le tsanga-tsaigny, fisehagna Ambavanantegniny, ou encore le fisehagna ambavan’Iharagna prouve que les rituels demeurent malgré la succession des époques. Chaque année, elles intéressent beaucoup  de monde. Actuellement, les guérisseurs sont de plus en plus nombreux. C’est devenu une véritable profession. La sociologue Gaëlle Andrianihasina le confirme, « Être moasy est devenu un métier. Comme les médecins, ils exigent  des frais  de consultation… Mais le comble, c’est qu’il y a des charlatans prétendant  tout savoir  et ternissent  l’image des vrais voyants. Et c’est dommage ! ». Ce qui s’est passé à Toamasina, il y a quelques semaines, interpelle les observateurs. L’individu  a trouvé un  créneau et a  abusé  des ravissantes jeunes femmes atteintes de Covid. Un moasy qui préfère taire son nom s’irrite en disant, « c’est une injure, une aberration, nous ne profitons pas des gens. Il n’y a pas de consultation, c’est un don, pas un métier ». Du reste, la population entend à la radio des publicités des « mpanasitrana ». La crise a donné certaines  idées  aux personnes  peu scrupuleuses. Moasy n’est plus une personne qui prescrit les plantes médicinales aux patients, mais une entreprise constituée d’escrocs mafieux.

Iss Heridiny

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