Les opérateurs reviennent à la charge sur leur campagne contre le projet de taxation des transactions par mobile money.
Dans un communiqué conjoint publié vendredi dernier, le deuxième du genre depuis l’annonce de cette nouvelle taxe, MVola, Airtel Money et Orange Money se positionnent en tant queprotecteurs des usagers.
Frein
« Nous protégeons avant tout nos clients, les communautés et la pérennité d’un service essentiel aux populations. La proposition de taxe de 0,5 % sur les transferts mobile money au-delà de 150 000 Ar menace directement des millions de citoyens malgaches et compromet des années d’efforts pour développer l’inclusion financière. Loin d’être symbolique, cette mesure aura des conséquences graves sur les ménages, les entreprises et la modernisation économique de notre pays », annoncent-ils dans ce communiqué. Pour eux, cette taxation est un frein pour le mobile qu’ils qualifient de bouée de sauvetage pour le quotidien. « Avec plus de 23 millions d’utilisateurs, dont la grande majorité sont des clients à faible revenu, les plateformes de mobile money jouent un rôle vital dans la vie de chacun, permettant des transferts pour les dépenses essentielles telles que l’alimentation, les médicaments et les frais de scolarité ».
Pression accrue
Parmi les « effets néfastes » de la taxe sur les transactions mobiles, les trois opérateurs citent : « une augmentation des frais de transaction, affectant les capacités des foyers à couvrir leurs besoins de base, une hausse des coûts logistiques, qui se répercuterait sur les prix des denrées de première nécessité, aggravant les pressions économiques sur les familles vulnérables, une baisse des revenus des familles vivant des commissions Cash Points ». Par ailleurs, « chaque année, environ 200 milliards d’ariary sont versés aux familles grâce à ce secteur, mais avec cette taxe, près de 100 milliards risquent de disparaître », selon toujours les trois opérateurs qui citent un certain nombre d’impacts sur les familles malgaches. « Pour la majorité des Malgaches dont les dépenses courantes dépassent fréquemment le seuil imposable, comme les loyers, les frais de scolarité ou encore les aides familiales, cette taxe causera une pression accrue sur les transferts familiaux : les envois d’argent, essentiels pour les régions rurales, deviendront plus coûteux, affectant directement les bénéficiaires. Une augmentation du coût de la vie : déjà affectés par l’inflation, les ménages verront leur pouvoir d’achat davantage réduit ; un frein aux festivités familiales. En période de fêtes, cette taxe diminuera les moyens des familles de partager des moments de solidarité et de joie ; une fragilisation économique : les foyers seront contraints de choisir entre se nourrir, payer des factures ou éduquer leurs enfants ».
Retraités
Les trois opérateurs annoncent, toujours dans ce communiqué, que les zokiolona et les populations fragiles sont également impactés. « Les retraités, qui dépendent du mobile money pour recevoir leurs pensions, seraient particulièrement touchés. En matière d’accès aux soins : toute diminution de leurs revenus mettra en péril leur capacité à acheter des médicaments ou consulter des médecins. En matière d’alimentation et besoins essentiels : les frais supplémentaires grèveront encore leur budget. Leur autonomie sera réduite, car revenir au cash compliquera leur quotidien et accroîtra leur vulnérabilité ». Ils en appellent ainsi à la raison et à la justice sociale. Les opérateurs de mobile money exhortent les décideurs à explorer des alternatives équitables pour générer des recettes fiscales sans alourdir la pression sur les foyers modestes. La promotion et l’élargissement de l’utilisation du mobile money peuvent augmenter les recettes fiscales significativement tout en préservant les acquis de l’inclusion financière. « Nous appelons chaque député, de chaque district, à protéger ses électeurs et à privilégier des politiques qui renforcent la solidarité et l’équité. Le mobile money n’est pas un luxe, mais une nécessité vitale pour des millions de familles Malgaches. Ensemble, nous devons repenser cette mesure pour construire une économie digitalisée, inclusive et respectueuse de tous ».
Recueillis par R.Edmond