De nombreuses conditions doivent être réunies pour permettre une transition massive vers la mobilité électrique. Madagascar doit encore passer par plusieurs étapes indispensables pour garantir le succès de cette transformation.
La dépendance à l’énergie fossile s’impose encore dans la Grande île, aussi bien pour la mobilité que pour l’approvisionnement en énergie. Le parc thermique constitue une grande majorité de la production d’électricité, comme le président de la République l’a rappelé durant son entretien télévisé, dimanche dernier. Cette dépendance s’étend également dans les caisses de l’Etat. « Les produits pétroliers constituent 8% de toutes les recettes de l’État sur toute l’année et 27% des recettes de la douane. Une transition trop brutale dans le “tout électrique” priverait l’État de cette manne substantielle », a soutenu Radonirina Lucas Rabearimanga, directeur des études et opérations auprès de l’Office malgache des hydrocarbures (OMH), lors du Vendredi de la faculté au sein de la Faculté Economie, Gestion et Société (EGS), au sein de l’université d’Ankatso, le 8 novembre dernier. Cette conférence organisée de concert par la Faculté d’Économie, Gestion et Sociologie et Bleen Média, un média en ligne malgache dédié à l’environnement et au développement durable, a été placée sous le thème de la « Mobilité (thermique, électrique…) : enjeux, défis et perspectives ».
Transformation locale
Ainsi, la vague d’électrification actuelle risque de déséquilibrer l’économie mais également l’approvisionnement en énergie qui est déjà problématique si elle est portée à grande échelle, même si le projet est encore au stade des balbutiements. « À titre d’exemple, prenons une hypothèse : recharger une flotte de 10 000 véhicules nécessiterait près de 10 MW. Alors que le gap durant l’intersaison tourne autour des 40 MW », a expliqué le directeur des études et des opérations auprès de l’OMH. L’un des prérequis qu’il a soulignés est également la promotion de l’industrie minière avec une perspective de transformation locale. La Grande île est richement dotée en ressources minières. Le graphite, par exemple, est un matériau indispensable à la fabrication des batteries. Il y a environ 90 kilos de graphite dans une batterie classique de 400 kilos qui alimente une voiture électrique. Les autres préalables au basculement vers la mobilité électrique sont la formation, la mise en place de législation/cadre adéquats et des investissements massifs dans les technologies vertes.
Antsa R.