Abasourdissement général, avant-hier. On croyait que pour tous, qu’on soit un citoyen lambda ou un député, il est évident que toute violence sur autrui, encore plus lorsqu’elle frappe – et c’est le cas de le dire – des femmes et des enfants, doit cesser. Mais manifestement, ce n’était pas le cas pour tout le monde à Tsimbazaza, jeudi dernier.
« Mody mitapy »
On croyait que pour tout faiseur de loi, faire disposer le pays d’un arsenal législatif permettant de mettre un coup d’arrêt aux violences basées sur le genre (VBG), trop fréquentes dans le pays, est une nécessité, voire une priorité dans la mesure où les victimes sont des mères, des femmes, des sœurs, des filles, des enfants, mais aussi, bien que nettement moins nombreux, des hommes. Bref, quelque chose qui touche tout le monde, de près ou de loin. Mais au moment de s’acheminer vers l’adoption du projet de loi sur les VBG, Ô ! Stupeur, nos chers élus ont choisi de ne pas le faire. La stupéfaction était à son comble quand on a vu que parmi les députés qui n’ont pas pris la voie de l’adoption du projet de loi jeudi dernier, figuraient des femmes. Allez comprendre !
Le tollé général causé par cette attitude de Tsimbazaza dans cette affaire de la loi sur les VBG, aurait-t-il conduit les députés à faire machine arrière ? En tout cas, le projet de loi a fini par être adopté, hier. Les députés de la majorité ont ainsi fait en sorte que, Madagascar dispose enfin d’une loi permettant de mettre fin à l’impunité et à la « loi du plus fort » dictée par les auteurs de violences. Tout le monde, y compris les députés, savent, sans nécessairement avoir étudié les statistiques, que les violences physiques, morales, économiques et sexuelles dont les victimes sont en majorité des femmes et des filles, sont le plus souvent perpétrées par un conjoint ou un adulte, membre ou proche de la famille, ou de l’entourage des victimes. Mais jeudi dernier, au lieu de se dépêcher de mettre le holà, et d’armer sans tarder le pays d’un cadre législatif robuste pour pouvoir faire valoir les droits des victimes, ils ont préféré prendre leur temps. Pour régler quelques détails, a-t-on tenté d’expliquer par la suite, mais personne n’est dupe, rétorque-t-on de l’autre côté. Pire, certains députés ont vu le mal là où il n’y en a pas. En parfaits « mody mitapy » ils ont sorti ce prétexte selon lequel, ce projet de loi sur les VBG encouragerait l’homosexualité ! Le summum de l’absurdité. Alors, sachant que la première dame Mialy Rajoelina en personne a fait de la lutte contre les VBG son combat en étant ambassadrice de l’UNFPA pour cette cause, les députés, pas tous certes, mais la majorité d’entre eux, ont su où il fallait « frapper » pour obtenir satisfaction, à propos de quelques avantages qui devraient être accordés aux députés. Mais des insistances souterraines, et les retours envoyés par les citoyens scandalisés par cet épisode de jeudi dernier, juste le lendemain du jour où le gouvernement n’a pas abondé dans le sens des députés concertant certains avantages de ces derniers, ont semble-t-il, fini par ramener les élus sur la voie de la raison. Bref, la loi a fini par être adoptée. Ouf ! L’opinion a failli penser qu’à Tsimbazaza, c’était déjà le retour des vieilles pratiques connues de tous : faire pression sur l’Exécutif pour obtenir quelques « avantages » avant d’adopter une loi. Heureusement, ce n’était pas du tout le cas, n’est-ce pas… ?
Hanitra R.