De retour de son voyage en terre indienne, le président national du Monima a émis son point de vue concernant la situation politique actuelle. Interview exclusive.
Midi Madagasikara : Vous venez de rentrer d’un voyage à l’étranger, quels sont les tenants et aboutissants de ce déplacement ?
Monja Roindefo : « J’étais invité en tant qu’ancien Premier ministre, Consultant et Chef de parti politique, par la Confédération des Industries Indiennes pour assister à un Forum économique rentrant dans le cadre du projet de partenariat Inde-Afrique. Une rencontre dont la philosophie était axée sur le développement et la croissance économique. L’objectif était de promouvoir le Partenariat Public-Privé. Un concept que l’on devrait d’ailleurs véhiculer dans les pays africains puisque la croissance économique ne se décrète pas et ne se décide pas d’une simple décision, elle nécessite une volonté politique, une expérience des dirigeants, une bonne relation publique et une capacité de leadership. Outre la coopération économique, j’ai également eu une rencontre avec des leaders de deux grands partis politiques indiens et avec les médias locaux. J’ai aussi rencontré le Secrétaire général du parti au pouvoir au Kenya ».
M.M : Vous avez déjà présenté un projet de développement pour la Ville d’Antananarivo. Qu’en pensez-vous de la nomination du nouveau PDS de Tana ?
M.R : « En tant que capitale de Madagascar, Antananarivo est l’affaire de tous les malgaches sans exception. Il n’appartient ni à un groupe d’individus, ni à une famille, ni à une personnalité quelconque. Je rappelle qu’outre le programme de réhabilitation de l’Avenue de l’indépendance, j’ai aussi contribué à la réhabilitation de l’Hôtel de Ville en offrant à l’époque 3 milliards de Fmg. Pour ce qui est des questions de l’assainissement, j’ai déjà présenté une analyse avant sommaire avec des bailleurs de fonds étrangers mais tous ces projets ont été ignorés, voire sabotés. Je pense que désormais, notre pays est à la recherche d’une personnalité qui a de la volonté et du charisme pour surpasser le phénomène de nonchalance qui est en train de se généraliser et qui constitue un blocage au développement. Nous disposons un projet concret pour l’assainissement de la Ville des Mille ».
M.M : Si les dirigeants actuels sollicitent votre contribution, est-ce que vous accepteriez ?
M.R : « Je suis un fils de cette Nation et un patriote. On m’a convoqué en 2009 et j’ai répondu présent. D’ailleurs, le Monima n’a jamais refusé de servir le pays. Si actuellement, on nous appelle pour une collaboration saine dans l’objectif de sortir le pays de la pauvreté, on peut y réfléchir. Mais je tiens à préciser que pour le moment, le Monima n’entreprend pas de contact avec le régime ».
M.M : Justement, quelle est la position du Monima vis-à-vis du régime actuel ?
M.R : « Je tiens à noter que même la Transition dite de consensus dirigé par Omer Beriziky n’était pas neutre. C’était un semblant de gouvernement d’union nationale. La preuve, on a failli me mettre en prison pour avoir réclamé le remplacement de nos deux ministres. Pourtant, le TGV pouvait remplacer ses CT et CST. En outre, le processus électoral n’était pas du tout clean. Nous avons déjà interpellé la CENI-T et la CES bien avant le scrutin mais en vain. Je tiens à signaler cependant que ce n’est pas la faute de Hery Rajaonarimampianina. Il est juste le produit de ce vilain processus. En tout cas, il a fait une déclaration à Mahamasina et nous en avions pris acte. C’est à lui de présenter une solution pour débloquer la situation actuelle. Désormais, on attend sa deuxième déclaration qui consiste à la nomination du Premier ministre et la présentation de son programme de gouvernance. Le Monima adoptera sa position en fonction de cette deuxième déclaration ».
M.M : Qu’en pensez-vous des polémiques actuelles engendrées par le conflit MAPAR- PMP ?
M.R : « C’est un faux problème. Le vrai problème c’est la contradiction constatée dans la Constitution, dans le Code électorale et entre ces deux textes. Le régime devrait désormais réfléchir comment révolver ces contradictions et quelle procédure de mise en cohérence doit-on adopter pour sortir de cette impasse ? La Constitution prévoit qu’il faut être membre du Parlement pour désigner le Premier ministre. C’est une forme d’expression de la majorité. Cependant, l’on se demande qu’en est-il du cas des députés indépendants ? Maintenant, il appartient au président de la République de choisir s’il décide de régler le vrai problème pour aboutir à la stabilité ou bien il préfère s’aventurer dans un débat inutile ».
M.M : Votre point de vue sur la mission à l’extérieur du président Hery Rajaonarimampianina ?
M.R : « A mon avis, c’est la prise de responsabilités des génies malgaches qui est la clé du développement. Le plus important ce n’est pas l’obtention d’une forte somme d’argent venant de l’extérieur. Il convient plutôt de savoir comment gérer cet argent pour qu’il puisse servir de moteur de développement. Je rappelle que 90 millions d’Euros ont été versés dans la préparation des dernières élections mais nous savons tous qu’elles ont été entachées de nombreuses imperfections. Et ce, avec un taux de participation très faible qu’est de 35%. L’important, c’est d’être capable de mettre en place des structures permettant de réaliser des projets de développement endogènes. Toutefois, cela est impossible tant que nous n’apportions pas de changement dans la pratique politique ».
Propos recueillis par Davis R