
Madagascar enregistre un ratio de mortalité maternelle la plus élevée avec 478 décès sur 10 000 naissances vivantes selon l’enquête de suivi de l’OMD 2012_2013.
Le nombre de décès maternel est sous-estimé dans la GrandeÎle. En 2016 par exemple, on a recensé 566 décès sur tout le territoire. La première cause en serait des lacunes en matière d’audit/revue des décès maternelles dans tous les niveaux pyramidaux sanitaires du pays. Institutionnalisée, la pratique n’est pas respectée par lesdits niveaux. Les faits sont toutefois là et les situations auprès des différentes régions confirment une situation de mortalité maternelle et infantile assez préoccupante. Pour la région Androy par exemple, « les huit formations sanitaires existantes enregistreraient une faible activité obstétricale (en- dessous de 30 accouchements par mois à l’exception du CHRR Ambovombe qui totalise environ une quarantaine)« . La barrière socioculturelle qui empêche la femme de jouir de la liberté de décider de sa santé et de sa vie sexuelle ajoutée à la réticence à recourir aux services de santé publics contribue à la persistance de la situation. Comme l’a expliqué la Dr Haingosoa Nirina Lalaina « Le poids culturel fait que les femmes ne peuvent pas décider de leur plein grès de consulter les centres de santé de base. Pour le faire, elles doivent passer par différents niveaux hiérarchiques tels que leur père, leur beau-père et leur mari. Bref, il n’y a que des hommes qui décident de la santé reproductive et sexuelle des femmes« . Il y aurait également le recours aux pratiques traditionnelles où le risque de complication est toujours élevé. Les dernières données soulignent que « 12.125 naissances seulement ont été prises en charge auprès des maternités alors que 19.262 ont été effectuées hors des centres de santé« .
Redynamisation. Compte tenu de la situation actuelle, un projet de renforcement et de ré opérationnalisation de la surveillance de décès maternel est mené par le ministère de la Santé publique et ses partenaires comme l’UNFPA. S’étendant sur 13 régions, la mise en place des maternités de références SONU ou Soins Obstétricales et Néonatales d’Urgences s’avère être une priorité. Une initiative qui voudrait permettre à moyen terme d’améliorer de façon progressive les indicateurs globaux tels le taux d’accès aux soins et services de santé, le taux de prise en charge des naissances. L’initiative voudrait également réduire la distance entre les centres de santé et la population. Pour l’heure, l’éloignement, les barrières socioculturelles, les piteux états des infrastructures routières et de santé publique ainsi que celles financières constituent des obstacles majeurs à la concrétisation de la couverture santé universelle. Alors l’idée est entre utopie et forte ambition.
José Belalahy