La campagne électorale n’est pas encore officiellement commencée, mais la conquête de l’électorat est en train de prendre son essor. Le régime actuel, fort des moyens à sa disposition, avait devancé tous ses adversaires et le programme mis en place était réglé comme sur du papier à musique. Mais l’entrée en scène de l’ancien président de la transition a tout remis en cause. La stratégie élaborée a été mise à mal par la démarche adoptée par ce rival passé maître dans l’art de la communication. Aujourd’hui, c’est sous la pression des événements que le pouvoir prend ses décisions.
Multiplication des maladresses du pouvoir
Le régime actuel n’avait jusqu’à présent aucune crainte d’être ébranlé par les contestations des opposants et d’une partie de la population. Il pouvait donc agir à sa guise et développer sa campagne de communication sans se soucier du malaise en train de s’installer dans le pays. Le retour d’Andry Rajoelina sur le devant de la scène a changé la donne. La rentrée réussie de ce dernier a obligé les stratèges de l’équipe entourant le chef de l’Etat actuel. Après sa première intervention à la télévision, il a décidé de continuer sur sa lancée. Le raz-de-marée humain qui a eu lieu lors de son déplacement à Ambilobe a été ressenti comme un camouflet par le régime. C’est la raison pour laquelle ses représentants ont fait de même. Cependant, ils n’ont pas eu le même succès populaire. C’est dans ce contexte qu’ils ont décidé de ne pas laisser l’ancien président agir à sa guise. Ce dernier a le vent en poupe et le déplacement qu’il aurait dû faire à Mahajanga aurait encore accentué la marche en avant de rival. Les manœuvres faites pour empêcher sa venue dans la Cité des Fleurs ont certes été efficaces, mais elles sont contreproductives, car elles ont mis le président de la République lui-même en posture d’accusé. Il donne l’impression d’être en position de faiblesse, car il use de tous les moyens pour empêcher l’expression de la volonté populaire. A présent, son adversaire n’a plus qu’à développer son programme sans aucun souci, en observant toutes les maladresses qu’il va commettre.
Patrice RABE