Il semble que le cinquième art a pris une autre dimension. Pour se démarquer, chacun offre une œuvre magistrale afin de réduire ses fans. Alors, deux personnages ont fait parler d’eux ces deux dernières semaines.
L’expression ténébreuse de Wala Dem Bad
Le premier est un chansonnier très explicite. Ses thèmes tournent autour de la mort, des récits macabres. En 2021, il sort l’un de ses premiers clips, Lucifer, qui relate son côté sombre. Âme sensible s’abstenir, car la vidéo a été tournée dans la nécropole de sa localité. Le jeune homme ne s’arrête pas là. Après avoir enchaîné des musiques d’amour à savoir« Aiko défaut-nao » et « My baby », Wala retourne dans sa zone de confort. Ainsi, il diffuse sur sa page Facebook le nouveau son « Bafota », littéralement habit mortuaire. Vêtu d’une soutane rouge avec un signe de croix renversée, il fait penser à l’antéchrist. Son regard imposant pétrifie les téléspectateurs. Edouard Tsilefy n’en revient pas après avoir visionné le clip. « Franchement, il a osé ! C’est la première fois que je vois un artiste malgache arriver à réaliser un tel scénario. Chapeau bas pour Wala Dem Bad, sans oublier le metteur en scène. Je crois qu’il devrait jouer dans un film d’horreur. Je ne dis pas ça pour me moquer, non ! C’est un compliment. Les jeunes de ce pays regorgent de potentiels. Je vois les choses dans cette vision, voilà! », a-t-il signalé. En fait, cette imagination débordante a de nouveau réussi à fédérer tout le monde. Une marque de fabrique à la PKzone city, le quartier où il a squatté depuis son jeune âge.
Sous un autre angle, « Bafota » retrace la vie d’un marginal. Un talentueux anticonformiste qui ne veut pas se soumettre à la norme imposée par la société décadente et corrompue. Donc Wala préfère « mourir incompris que passer sa vie à s’expliquer ». Ce lyriciste de Place-Kabary a promis à ses inconditionnels qu’il ne basculera pas dans les tendances. Au contraire, il gardera ses principes. Être fidèle à sa conviction ne veut pas dire rester enfermé dans le studio pour produire. Wala sait pertinemment que derrière lui, il y a des aficionados. D’autant plus que des organisateurs événementiels frappent à sa porte avec des dossiers à signer, des contrats. Ce qui lui a permis d’effectuer des tournées un peu partout dans les régions DIANA et SAVA. Au mois d’août, le raggaman participera au plus grand festival de Madagascar, voire de la Zone du sud-ouest de l’Océan Indien, Somarôho… Un grand pas pour la nouvelle star.
Maman’i Tsôlôlô ravive l’antsa Sakalava
En une semaine, sa vidéo fait réagir près de 10 000 personnes sur Facebook. « Tomany Zanako » sera peut-être la chanson traditionnelle de l’année. Maman’i Tsôlôlô est une griotte réputée dans la région Boeny. Une véritable poétesse ambulante qui chante tout sur son passage. 18 septembre 2019, une vidéo a été diffusée sur la toile illustrant son groupe en action. Mais on la voyait comme madame tout le monde qui chantait. Cinq ans plus tard, elle s’est faite remarquer par un grand monsieur, Davalt. « C’était le jour de campagne électorale des députées, j’étais à Namakia. Je l’ai vu chanter et moi j’étais tellement touché. Sans hésiter, j’ai parlé avec elle pour qu’elle nous rejoigne dans mon label Team Rwikordz », raconte le producteur. Ainsi, Maman’i Tsôlôlô enregistre son premier single« Tomany Zanako ». Par dessus tout, elle a une forte personnalité. Argile tracé autour de l’œil droit, habillée de salovana, coiffée de dôdôko, la chanteuse remet à la mode l’art vestimentaire de la femme sakalava du XIXème siècle.
Pour sa part, le beatmaker-magicien Davalt a modernisé la mélodie, tout en conservant la base d’antsa. Il s’est arrimé à l’authenticité et la tradition. Ça a fait l’effet d’une bombe. Dès lors, le jeune producteur a persuadé davantage d’auditeurs de son talent en prouvant sa polyvalence. « Maintenant je le confirme, il est fort. Je l’ai vu produire des jeunes, des grosses pointures, mais je croyais qu’il ne produisait que des sons du moment… Et quand j’ai entendu la signature à la fin, je suis resté bouche bée. Je pense aussi qu’il y avait une connexion inexplicable entre lui et Maman’i Tsôlôlô», a avancé Jimmy Iloniaina, un mélomane… En effet, les deux talents étaient en parfaite symbiose. La voix de cristal de Maman’i Tsôlôlô a été mise en valeur par l’illustre arrangeur Davalt. D’après ce suivant, un autre single est en gestation. Sûrement, les followers attendent avec impatience cette nouvelle proposition. Les passionnés de vako-drazana – la musique traditionnelle – souhaite que l’artiste représente la Grande île à l’échelle internationale.
Iss Heridiny