
Aucune prophétie ni étude scientifique pointue n’a préparé le monde et les Malgaches, à cette pandémie du Covid–19. En pleine période hivernale, la Grande Île pourrait atteindre les pics, en comparaison à ce qui s’est déjà déroulé en hémisphère nord. De plus en plus de personnes entendent des proches, connaissances ou parents, être frappés par le virus. Le moral est au plus bas. La musique sert parfois de source d’inspiration pour s’encourager, pour ne pas subir. Ces cinq titres malgaches et internationaux jouent pleinement ce rôle.
Bekoto du groupe Mahaleo – « Kurde »
Chanson guerrière par excellence, chanson de ralliement, le membre du mythique groupe Mahaleo avait déjà le flair des grands combats. Comme Madagascar se trouve dans ce tourbillon sanitaire en 2020, Bekoto chantait déjà, « la communion, la force d’être ensemble et la récompense d’une victoire finale sous les chants d’oiseaux heureux ». Dans cette chanson, en bon malgache, l’auteur/compositeur envisage une réponse collective à tout ce qui prend la forme d’un mur infranchissable ou d’un pouvoir oppresseur. Environ en trois minutes, dans un style folk d’Europe du nord, « Kurde » peut insuffler la force mentale d’un aigle à un colibri.

Beethoven – « Ode à la joie »
Se sentir heureux reste le meilleur moyen pour ne pas subir les craintes et le stress de la pandémie. Selon les études médicales, et la professeure Hanta Vololontiana l’a maintes fois répété, une inquiétude poussant à la paranoïa peut aussi affaiblir le système immunitaire. Écouter l’un des morceaux, références de la musique classique, « Ode à la joie » tirée de la 9e symphonie de Beethoven pourrait chasser les idées cauchemardesques. Le déploiement orchestral, pour assouvir le mystère des seize premières mesures, démontre le génie de l’Autrichien. Majestueux dans le premier thème, « Ode à la joie » affirme toute sa magnificence créative dans la Coda.
Johnny Nash – « I can see clearly now »
Un être bercé constamment d’espoir, où certains perçoivent la résignation, le Malgache dans sa vision « en roue de charrette » de la vie attend toujours le soleil après la pluie. Jimmy Cliff qui est déjà passé à Madagascar en 2002 sait de quoi il parle dans « I can see clearly now », un concentré d’espoir. Lui qui vient d’une île, la Jamaïque et son lot de violence politique et de guerres de gangs dans les grandes villes du pays. Mais cette chanson est en fait la création de Johnny Nash, un Texan. La puissance du message de l’auteur/compositeur a été telle que dix-sept artistes, dont Ray Charles, Nancy Sinatra, Claude François, M. Pokora et bien d’autres l’ont repris.
Shyn – « Positiveo »
« Positiveo », sans aucune bifurcation, Shyn est direct avec ce titre sorti en 2017. Si le Covid-19 s’oriente vers les personnes vulnérables, les quinquas et plus, les jeunes ne sont pas pour autant épargnés. Comme le confinement, ou l’interdiction de sortie imposée par les parents peuvent générer des tensions ou la nervosité, Shyn apporte ainsi la solution : « Positiveo ». Le jeune garçon ou la demoiselle peuvent bien s’émoustiller dans leur chambre pour évacuer leur frustration. Il suffit de patienter et de voir les choses du bon côté. Dans son style r’n’b aux sonorités fines et bien posées, ce titre est un bol d’air frais par les temps qui courent.
D’Gary – « Lagnana »
Quand la pression est trop forte, face à la maladie, l’inquiétude gagne du terrain, autant s’évader. Si le Covid–19 semble gagner du terrain sur le moral des proches, de la famille et des amis, une musique tombée de nulle part pourrait alléger ce poids d’angoisse. La musique du terroir peut être une dose de vitamine mentale, pour cela D’Gary est le meilleur. « Lagnana » est un instrumental désormais dans les standards du patrimoine musical national. Tellement, le jeu en picking du génie s’imprègne de la latérite et de l’âme malgache. En presque cinq minutes, cette musique apaisante dégage toutes les tensions et les peurs.
Zo Toniaina/Maminirina Rado