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mercredi, décembre 3, 2025
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Musique : Le swing d’une époque de R.R Majunga

Raymond Razanabahiny dans la trentaine, a voué un « amour » infini à la ville de Majunga, la cité des Fleurs. (crédit photo : discogs.com)

Raymond Razafimbahiny, fondateur du mythe R.R Majunga, a uni avec élégance traditions musicales malgaches et influences occidentales. Par son génie mélodique, il a créé des chansons générationnelles dans lesquelles l’âme malgache se mêle au jazz, à la valse, au maloya, au blues, etc., sans jamais se perdre.

S’il existait un concours du groupe ou de l’artiste incarnant l’archétype du cabaret, R.R Majunga remporterait tous les suffrages, encore aujourd’hui. Et celui du génie qui a su de la plus belle des manières allier styles anciens, traditionnels, avec des sons occidentaux issus de la présence coloniale et les contacts avec l’Occident. L’exemple le plus pertinent, sans exhaustivité, est « Fanantenana », « espoir » en français, « hope » en anglais. Un mélange touchant entre du « early american jazz » et le « kalon’ny fahiny ». Tout simplement le premier swing malgache avec son ternaire léger, tout en relaxation. Ce qui fait penser aux conseils des tontons un brin éméchés et expérimentés lors des réunions familiales adressés aux neveux trop impatients de savourer la vie. À son époque, cette chanson pouvait revêtir un message subversif. Aigris par l’occupation française, les Malgaches se cherchaient dans la pénombre de la colonisation. R.R Majunga sortait alors une chanson qui allait devenir générationnelle. Aujourd’hui, elle sonne comme un hymne à la rage de vivre. Puis, il y a « Tsiambaratelo ». Ce morceau a traversé les républiques, depuis l’ère du 78 tours ancêtre du vinyle et support originel de ce que sera la pop, avec sa petite pointe de mystère. « Si vous voulez le savoir, demandez à cette dernière étoile qui scintille », chante R.R Majunga pour raconter l’être aimé. Nimbé de mystère, car cet être aimé est apparu au crépuscule nautique, bien détaillé dans les paroles. Le luxe simple et grisant du coup de foudre. Avec cette chanson, R.R Majunga reste toujours amarré à l’harmonie diatonique, fondement de la pop, du rock, du jazz, et du classique… Pour des raisons commerciales, la colonisation a permis une ouverture de la chanson malgache sur l’international. Le langage universel, imposé par le marché et les majors, en était l’harmonie diatonique. Et Raymond Razafimbahiny, l’immense auteur/compositeur a su comme personne, fort probable Barijaona avant lui et Levelo après lui, atteindre un tel niveau d’esthétique. Intégrant ce blues intemporel dans l’âme malgache et l’harmonisation des formes décalées. R.R Majunga s’imagine en oratorio dans la cathédrale de la musique des années 40/60, avant–gardiste sauf sur sa chanson carte postale « Majunga ». Certes, sa déclaration d’amour pour la plus belle cité de Madagascar, mais son style téléphoné a décapé tout le charme du morceau. Tout le contraire de « Malagasy anie ianao ». Une ode à la « malgachitude », R.R Majunga rappelle par cette piqûre d’où ces compatriotes viennent. L’entrée est solennelle suivie d’une évolution vers les sonorités créoles de l’Océan Indien. En définitive, R.R Majunga était un architecte du son et des émotions. Les exigences techniques des 78 tours interdisaient les artifices. Raymond Razafimbahiny a réussi à faire émerger la singularité mélodique et le phrasé local dans le bain des sons d’outre-mers. Sans l’effacer, surtout sans jamais l’effacer.

Maminirina Rado 

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