- Publicité -
mercredi, mai 28, 2025
AccueilCultureMusique : Le « tsapiky » à travers ses chansons cultes

Musique : Le « tsapiky » à travers ses chansons cultes

L’avenue symbolique de la ville de Tuléar, berceau du « tsapiky ».

Musique des confluences, musique moderne, le « tsapiky » est une histoire, celle de la ville de Tuléar. Une musique, une âme.

Il y a le rock emmené par la bourgeoisie tuléaroise, le « lulu » venu d’au-delà des mers depuis le Mozambique et enfin, l’âme du terroir les « Sairy ». Voilà dans les grandes lignes comment a fleuri le « tsapiky » dans son berceau, à Tuléar. « World music » dans toute son acception. Pour faire court, les « Sairy », genre de griot/troubadour/musicothérapeute sont incontournables durant les funérailles et le « savatse », la circoncision. « Leur musique n’était pas seulement pour réjouir, leurs chansons baignaient dans la spiritualité », explique Lova Hariniaina Andrianaivomanana, fin connaisseur du Grand Sud, ayant déjà collaboré avec BBC, France 24, Japanese Press, Arte… pour effectuer des reportages dans l’Androy.

« C’est l’Atsimo Andrefana qui est le berceau de ce genre musical », ajoute-t-il. Alors ces « Sairy », à une époque sans électricité et sans délestage, utilisaient le « marovany », cithare à caisson, la valiha, cithare tubulaire, l’accordéon, le maracas et le tambour. Depuis des siècles, ces détenteurs du savoir musical et spirituel sillonnaient les villages. Les festivités duraient des jours, ils jouaient à l’ombre du tamarinier pour se prémunir de la chaleur. L’arrivée du courant sonnait l’arrivée des guitares électriques, les basses, la batterie, le « synthé »…

Les « carandales », poids lourds taxis-brousses, étaient les promoteurs du « tsapiky » au tout début, surtout le « tsapiky » des campagnes n’ayant pas accès aux médias.

Tuléar étant le chef-lieu de province, nœud économique et culturel du Sud malgache. La rencontre entre les « Sairy » et les musiciens de la ville, habitués au « lulu », un genre musical diffusé depuis la Radio Mozambique, allait faire émerger le « pecto ». Une danse avant tout. La cité du Soleil arrivait à capter cette station sur le grand continent. « À partir de là le ternaire des « Sairy » et le binaire de cette musique étrangère ont combiné », explique Lova Hariniaina Andrianaivomanana. Tandis que lors des festivités dans les villages, les « clients » exigeaient l’apport des instruments électriques. Les « Sairy » contraint de s’adapter ont donné naissance au « Mandry ampototse ».

« Durant toute la fête, les musiciens fatigués ou un peu éméchés s’adossaient au tamarinier. Il y en a qui dormaient mais leurs doigts continuaient à jouer. Voilà pourquoi ce genre a été appelé ῍tsapiky mandry ampototse῍, le tsapiky où l’on dort (au pied de l’arbre) », fait-il-savoir. Naquit aussi deux genres de « tsapiky », celui des campagnes, le « mandry ampototse » et celui de la grande ville. Celui-ci « utilisant un parler plus commercialisable pouvait s’attaquer aux scènes de tout Madagascar, aux scènes de la Capitale. Où les paroles étaient plutôt profanes, pas comme celles des « Sairy » avec leur spiritualité ». Cependant, la frontière entre les deux est poreuse.

Les tournes disques, gadget de la classe aisée tuléaroise, faisaient aussi leur apparition. Les Beatles, Jimmy Hendrix, etc., les musiciens de la Cité du soleil s’en sont aussi inspirés. Le cocktail était prêt. Du terroir, de la « lulu » et du rock. À l’exemple du reggae jamaïcain. L’horizon s’élargit aussi, « ce n’est plus seulement pour les funérailles et les circoncisions, les naissances, les mariages, untel qui veut fêter sa réussite sociale… on appelle les joueurs de tsapiky pour animer l’évènement », met en avant Lova Hariniaina Andrianaivomanana.

Voici une liste non exhaustive des titres qui ont bercé les ondes malgaches. Titres cultes démontrant qu’autant le « tsapiky » a pris du Grand Sud, autant il le lui en a rendu.

Los Belia – « Maiama ro mileza »

Ce titre est devenu culte et au-delà de cette chanson le groupe « Los Belia ». Beaucoup, surtout les plus grands musiciens de Tuléar l’estiment comme un des pionniers « tsapiky ». Le défunt Boloko, le guitariste attitré souvent remémoré par ses pairs, est considéré comme le Jimmy Hendrix de Tuléar. Ce titre est ensuite devenu la propriété du « tsapiky », les stars comme Rasoa Kininike et bien d’autres l’ont revu à leur sauce.

Tirike – « Misengesenge »

Avec cette chanson, Tirike a réussi à faire monter le « tsapiky » à Antsahamanitra, dans la capitale. « Misengesenge » voulant dire frimer, ce morceau a traversé les quatre coins du pays. Le genre musical est maintenant une musique nationale, mais surtout électrique. Tirike a ensuite pondu des titres phares comme « Vinanto », hymne des chanteurs des couloirs des grandes villes, « Misy vola »…

Damily –  « Hazo latsakandoha »

Damily, un autodidacte, comme presque tous les « tsapiky-en  » d’ailleurs, a été le premier Malgache à internationaliser cette musique. Il est sans doute l’un des musiciens à pouvoir sillonner les festivals les plus célèbres du monde entier. De fils de pêcheur à ambassadeur de Madagascar à travers le « tsapiky ». « Hazo latsakandoha », se rapproche des paroles des « Sairy », avec des concepts philosophiques.

Damiandra – « Telo katraka » 

Le culte du culte, « Telo katraka » du groupe Damiandry est le tube le plus apprécié par Tuléar. Une idole des campagnes, un « guitar hero » du « tsapiky mandry ampototse ». Comme la frontière entre le genre urbain et celui des champs est poreuse, Damiandry a pu hisser ce style au rang de variété, de chanson culte.

Mirasoa – « Décalé »

De l’école « Los Belia », Mirasoa est actuellement la reine du « tsapiky ». Tuléar est son fief, ce titre décalé respecte la tradition de la sobriété musicale des pionniers. Sa voix est une signature. Ce titre jongle entre le binaire et le ternaire. Un chef d’œuvre qui est passé facilement dans les oreilles des habitants et habitantes de la cité.

Teta – Inay

« Grand maître », voilà le surnom de Teta donné par ses pairs dans la Cité du soleil. « Inay » a résonné dans les années 90. Ancien joueur des grands rassemblements traditionnels, il a fini par parcourir le monde grâce à son style acoustique, presque thérapeuthique. Il représente le trait d’union entre le « marovany » et la guitare électrique.

Maminirina Rado

Suivez nous
409,418FansJ'aime
10,821SuiveursSuivre
1,620AbonnésS'abonner
Articles qui pourraient vous intéresser

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici