
On entend souvent les sceptiques dire que le rap est en difficulté parce que les consommateurs de musique préfèrent les chansons plus dansantes comme le ragga et l’Afrobeat. De ce fait, les rappeurs prêchent dans le désert. Un constat à nuancer au vu du succès d’ Agrad. Ce poulain de Don Smokkilla a sorti un single il y a deux jours, « départ à zéro ».
Dans ce nouveau titre, le jeune homme s’identifie fortement à ces « boto » débrouillards, prêts à tout pour survivre. En effet, l’histoire d’Agrad, dans ses morceaux, est celle d’un jeune qui a toujours vécu dans le manque. Celui qui est toujours à la recherche de l’argent sans l’aide de personne. Celui qui a toujours été conscient de la dureté et de la cherté de la vie. « On ne m’a pas offert le succès sur un plateau d’argent ; j’ai beaucoup travaillé pour arriver à mon stade actuel », répète-t-il souvent dans ses morceaux. « Le ghetto n’est pas une fatalité », ajoute-il en chantonnant dans son couplet. En écoutant ses œuvres, ses inconditionnels s’y retrouvent. « Je ressens de la détermination dans ses chansons », a remarqué Tolotra, un fan de l’ancien membre de Gasy Ploit.
Porte-voix des « mecs » des quartiers défavorisés. Comme on peut s’y attendre, Agrad dans ses paroles, continue sa bataille à savoir, être la voix du ghetto. Un thème omniprésent dans ses morceaux. Au niveau de l’interprétation du rappeur, sa voix est toujours grognante. Nul besoin de longs discours pour comprendre la manière dont l’éducation dans les bas quartiers a façonné ses textes. De plus, cette expression s’allie parfaitement à la sonorité trap, un rythme très apprécié par les jeunes. Agrad prêche le positif malgré les aléas de la vie. Les auditeurs constatent également une prise de position sociologique.
La force vocale et l’habileté en écriture ne seraient rien sans un bon beat. Les rimes pleuvent de toutes parts. Les argots et les proverbes malgaches s’entremêlent dans sa langue. Entre poète de la rue et un sage du village, Agrad a mélangé le soutenu et le familier, ce style atypique qui lui permet de devancer les rappeurs de son âge.
Ardeur au travail. Toujours œuvrer, un de ses adages préférés. Depuis le confinement, Agrad ne se repose pas sur ses lauriers. Au contraire, il se montre à la fois productif. L’artiste ne compte pas s’arrêter là. Parmi les 10 rappeurs les plus célèbres à Madagascar, Agrad n’a pas l’intention de faire du rétropédalage.
Iss Heridiny