Un EP, c’est ce qu’il offrira à ses convaincus l’année prochaine. Bien que le titre n’ait pas encore été dévoilé, il promet que ce sera une belle production.
« Le rap, pour moi c’est de l’art, une image, un moyen d’expression, d’affirmation positive, une culture. Un rappeur doit être cultivé et conscient de ce qui arrive dans son entourage, il doit être pertinemment éveillé ! Un orateur… Un leader, pas un mouton de panurge », a-t-il expliqué. Oui, Franck Caggiari, alias KJ est loin d’être un suiveur. Il a tracé son itinéraire avec persévérance. Singulier est le parcours de ce rappeur. Rien n’est gratuit. Lui, il a gravi des reliefs accidentés. Malgré les genoux et les mains écorchés, il progresse…
La vie l’a taillé pour devenir ce qu’il est actuellement. Sa passion pour le rap a commencé sur les ruelles tapageuses d’Ambohipo. Pour lui, ce périmètre est plus qu’un quartier, c’est une école. KJ s’est inspiré de la société qui l’entoure pour son premier texte, alors qu’il venait de souffler ses 14 bougies… En effet, c’est en 2005 que le petit bonhomme a fondé son collectif, Kolontsaina Afono ZAva kanto Misy Anatiny, Kazama clan avec ses camarades Dafray, Cedar et Kassim. Cinq ans plus tard, il évolue avec Dig Skill, Mc Co, Youngs, Gun, Slai-B et Kezia. Ensemble, ils ont créé le Gang Soldiers. L’année suivante était tragique pour le rappeur en herbe, son ami Dig Skill fut assassiné par une bande organisée à Ambolokandrina. Traumatisé, il quitte la capitale. « Je me suis un peu éloigné, je suis parti à Majunga pour ma formation maritime, pour repartir à zéro », a-t-il avoué. Mais son amour envers le rap l’a poussé à revenir au bercail. En 2012, il retrouve ses frères d’armes Raïas, Bib’s, Malasa, Cedar. Un nouveau collectif se forme, Ambops Squad. Par ailleurs, KJ enregistre avec son ami d’enfance, Roy Rakoto, trois chansons en 2013, « Hiaino amin’ny fo », « Tsy akako lagy », « Maka souffle », qui tournent sur les ondes de la ville des Mille… En parallèle, il signe avec Neo Soundz, un label de rap, soul, et rnb initié par Thüryn Mitchell, Rado Ramanantsoa et X-Tah. « J’étais le seul rappeur. Il y avait Viavy Soul composé de Sax et Ando, Chacha la fille de Jaojoby, ainsi que Narindra Samuene », se souvient-il. Enfin il produit « Aza manahy » en collaboration avec la ravissante chanteuse Sax. En 2015, avec ses gars d’Ambops Squad, il a sorti un morceau considéré comme le classique de rap gasy « Aleo hanaovanay azy ». Dès lors, Monsieur est connu par les adeptes de la culture hip-hop malgache. Son talent fut remarqué par les membres de Etika. « J’ai été sélectionné par les mecs de Etika, ils aimaient mon style, mon flow, mon côté engagé », il livre son premier concert avec le collectif en 2018 au Kianja Analamaintso Analamahitsy. Après tant d’années de labeur, l’artiste rencontre enfin son public. « C’était un événement marquant… comme si j’avais effectué un pas… sur la lune », dit-il. Enthousiaste, il retrousse ses manches, continue le chemin, enchaîne des showcases un peu partout à Tanà. Il a, à présent, quatre chansons à son actif. Cependant, durant ces dix-neuf années de scène, il gagne le respect des grands frères. Il a également réalisé bon nombre de featuring avec des grosses pointures du rap malgache notamment, Lyrical Jill, Duss, Etni-K, K-Sad, Brage, ou encore Psykopasy. KJ ne compte pas lâcher le micro. Au contraire, il haussera le ton sur l’instrumental, pour que ses concitoyens aient une bonne force mentale !
Iss Heridiny