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jeudi, novembre 28, 2024
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Musique urbaine : Mama Rasta du « 13/12 Ambolomadinika »

La nouvelle pépite du label Ladyboss Production, Davina Fidson ou Mama Rasta pour la scène, alerte les détecteurs sismiques de la musique urbaine malgache. La vague se forme au large.     

Le souffle nouveau de la musique urbaine féminine malgache pourrait s’incarner en Mama Rasta. Trash, un peu flippante, belle à la verve carnassière… elle annonce « makoa hoy aho ny aty fa tsy cheveux lisses » sur « Vy mamay », l’un de ses trois titres connus jusqu’ici. De quoi effrayer ces gentillettes du showbiz, amoureuses de leur propre image. Ou de ces filles à papa psychorigides qui ont eu leur quart d’heure de gloire, confondant l’intelligence créative à la « morale bavarde » empêtrée dans une posture de péquenaud. « Je viens des quartiers difficiles », déclare Davina Fidson pour le civil, née à Tamatave plus précisément à 13/12 Ambolomadinika. Avec Shyn en tête, Rim–Ka, Treezey et les grosses pointures du Grand Port ne sont pas tous nés avec une cuillère d’argent dans la bouche. Mais une fois de plus, cette cité maritime dévoile son humus et sa capacité artistique. Et Tamatave, plus que jamais capitale de la musique urbaine, manquait d’une véritable aura féminine dans le champ impétueux du rap, reggae, dance hall et toute leur suite. Il y a bien des chances que Mama Rasta puisse combler ce vide. Grâce à son flow, d’une plasticité qui pourrait affoler tous les beatmakers du pays. Elle semble y avoir mis avec souplesse toute son âme. Tantôt en puissance, habitée par une sorte de rage insatisfaite qui se retrouve dans sa chanson traumatisante pour cœur d’artichaut, « Tsy misy miala ». Tantôt avec une douceur électrique et venimeuse, faisant penser à un bref moment d’accalmie tourmentée ponctuant une âpre séance d’exorcisme dans une chambre exiguë. Ensuite, elle s’amuse entre ces extrêmes pour signer son talent. En trois chansons, d’autres viendront sous peu, cette jeune femme d’une mère métisse créole de Tuléar et d’un père de Farafangana, a déjà tracé son aire de jeu. Si tout n’est pas dans le flow en musique urbaine, le sien lui permet d’espérer un large horizon instrumental. Pour le moment et pour en revenir à « Vy mamay », elle chante dans ses textes la rhétorique de la rue. De l’ego trip redondant dans les musiques urbaines en général, le style en impose toutefois sans aucun attrait. Une simple preuve que l’imaginaire du macho, Mama Rasta peut l’intégrer dans sa panoplie. « C’est ardu, que ce soit pour un gars ou pour une fille de vivre dans les quartiers difficiles. C’est facile d’y être influencé pour devenir un malfrat. Cela dépend de ton éducation mais aussi de toi », avise-t-elle. Avec deux petits frères, seuls avec leur mère, elle joue le rôle de la protectrice. « Je fais tout pour qu’ils ne traînent pas trop dans le quartier. Nous discutons souvent de ce qu’ils aiment et veulent vraiment faire dans la vie… Je leur répète que s’ils déviennent et qu’ils n’écoutent pas les conseils des gens, ce sera la vie qui va leur donner des leçons et ce sera le glas pour eux ». Quitte à être sévère, Mama Rasta veut briser au sein même de son cocon familial le cercle infernal de la délinquance, sous tendue par la pauvreté et l’exclusion urbaine. Sans oublier la menace pesante et imprévisible des drogues dures bon marché en vogue chez les jeunes. Ses chansons futures pourraient alors servir de porte-voix pour ses frères et tous les jeunes du 13/12 Ambolomadinika. En plus de son atout « flow », le théâtre des destins brisés, des descentes aux enfers, en somme du « blues » du ghetto, offrent des émotions et des légendes à transcrire en textes, sans succomber ni à la tentation du misérabilisme ni à l’éloge surjouée du « rude boy ». Si les soi-disant « adultes », en plusieurs républiques, n’ont jamais su trouver les solutions, autant chanter, sans modération avec toute sa rage, les faux espoirs de la jeunesse. Voilà ce qui serait une belle entrée dans les terres pour le flow, la vague : Mama Rasta.  

Maminirina Rado 

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