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mercredi, mai 14, 2025
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Naivo Marius Rakotozafindrabe : « Le PM doit être un Monsieur Propre »

Naivo Marius Rakotozafindraibe.
Naivo Marius Rakotozafindraibe.

Expert en management et gouvernance des institutions, et analyste politique avisé, l’homme sort de son silence. Interview.

Midi : Cela fait plus d’une année qu’on ne vous entend plus. Pourquoi ce silence total ?

Naivo Marius Rakotozafindrabe. « Vous savez, beaucoup de gens ont, soit parlé soit écrit s’agissant des affaires nationales. Je citerai, entre autres, le SEFAFI, les 29 organisations de la Société civile, la Conférence des Evêques de Madagascar, la FFKM, le Secteur Privé, des Syndicats, des leaders d’opinion, des gens de la rue à travers le « micro trottoir », des Chefs de partis, des Institutions comme la Banque mondiale, le PNUD et même des Ambassadeurs accrédités à Madagascar.  Sans oublier les médias qui tous les jours commentent à foison les événements. Dès lors, vous pensez qu’il faut encore en rajouter ? »

Midi: Vous pensez qu’il n’y a plus rien à dire ? Ne serait-ce pas là une forme de résignation voire d’abdication ?

NMR : « Mais non. C’est une lâcheté et vis-à-vis de soi et vis-à-vis de la patrie d’abdiquer, de baisser les bras. Il ya toujours quelque chose à faire.  Mais c’est important aussi de faire une halte, de faire une pause, de ne pas toujours se lancer à bras le corps dans l’action. C’est important de se donner un temps de « silence actif ».

Midi : Vous pouvez nous dire ce que vous pensez de la situation qui prévaut actuellement dans notre pays ?

NMR : « Vous me connaissez, je n’ai pas l’habitude de répondre à une question aussi vague. Soyez plus direct. Je vous répondrai sans dérobade, sans faux-fuyant ».

Midi : Quel est le locataire idéal pour Mahazoarivo ?

NMR : « Il n’y a jamais de profil idéal. Personne n’est parfait.  Il s’agit de trouver « l’homme de la situation », en l’occurrence l’homme ou la femme qui répond parfaitement aux exigences de la situation ».

Midi : Pouvez-vous dresser un profil ?

NMR : « Nous sommes à 2 ans de la Présidentielle. Halte à cette « pratique » de changer de Premier Ministre tous les ans. Ce n’est pas bon ni pour le Président, ni pour l’administration, ni pour l’économie, ni pour la coopération internationale. Il y a donc un premier critère fondamental : le futur chef du gouvernement ne doit plus être un Premier ministre « à l’essai ». Il doit, pour durer, avoir la confiance totale du Président de la République. Je sais, c’est dur de faire totalement confiance à quelqu’un, surtout de nos jours. Tiens, même les aveugles préfèrent faire confiance, non aux êtres humains, mais aux chiens. Mais les facteurs clés du succès sont clairs et impérativement non négociables : un Premier Ministre qui n’a pas la confiance totale du Président ne peut pas réussir, ne pourra jamais réussir. Il y a des décisions courageuses à prendre pour redresser le pays, le Président de la République est bien sûr parfaitement au courant des défis de ce redressement, mais comme c’est le Premier Ministre qui est le Chef du Gouvernement et le chef de l’Administration, il a « les mains liées » et ne pourra pas déployer en toute sérénité tout l’arsenal des moyens en vue de redresser la situation qui prévaut, s’il ne bénéficie pas d’un grand capital de confiance ».

Midi : Peut-on trouver cet oiseau rare voire inexistant ?

NMR : « Tsy lany olomanga ny Firenentsika ». Bien sûr que cet oiseau rare existe. Quand on cherche, on trouve. Surtout quand on sort « du sérail ». Rien n’empêche le Président de  prospecter « hors sérail », mais dans le « quota des hommes et des femmes de bonne volonté ».

Midi : Qu’entendez-vous par hors du sérail ?

NMR : « Eh bien, il nous faudra un « homme nouveau », un homme « hors des sentiers battus », quelqu’un qui comprend les enjeux  actuels, quelqu’un qui est en contact avec les Malgaches du pays profond, quelqu’un qui a saisi parfaitement les défis des urgences sociales, humanitaires et sécuritaires parce que justement il connaît le monde rural, il connaît les « Tantsaha ».  Donc, il s’agit d’un « homme nouveau », mais qui n’est pas pour autant un parfait inconnu ni pour les Malgaches, ni pour la Société civile, ni pour le Secteur Privé, ni pour  les Eglises, ni pour la classe Politique, ni pour nos élus, notamment les Députés. Il ne doit pas non plus être un inconnu pour l’Administration, pour les différents Ordres Professionnels, pour nos Partenaires Techniques et Financiers ».

Midi :  Mais le PM ne doit-il pas être issu de la majorité ?

NMR : « Vous savez, nous ne sommes plus dans le cadre d’un gouvernement, mais dans un standard de gouvernance avec mise à contribution obligatoire et implication des parties prenantes. C’est fini le diktat de parti ou des partis. C’est fini le dictat de la majorité. C’est fini le diktat de la minorité. C’est fini le diktat des experts. C’est fini le diktat des technocrates. C’est fini le diktat des PTFs.  Il faut dialoguer, rassembler, consulter, sans verser ni dans le déni d’autorité, ni dans la dilution des responsabilités, ni dans la confusion des rôles ».

Midi : Autant de critères pour être Premier ministrable ?

NMR : « Juste une dernière chose. Le futur Premier Ministre ne doit pas traîner des casseroles. Un « Monsieur propre » quoi. Quelqu’un qui n’a pas corrompu qui que ce soit pour réussir, mais qui n’a jamais non plus accepté « un pot-de-vin » pour « truquer » les règles du jeu ou faire du favoritisme.  Par ce qu’il a fait, dans ce qu’il a fait, c’est quelqu’un qui inspire confiance, c’est quelqu’un qui respire la confiance ».

Midi : On dirait presque le portrait d’Erick Rajaonary même si vous ne le dites pas expressément

NMR : « Pourquoi pas si le Président de la République estime, car c’est lui et lui seulement qui décide en toute liberté, sans la pression de qui que ce soit, qu’Erick Rajaonary  peut être l’homme qu’il faut, à la place qu’il faut, eu égard aux défis titanesques de redressement du pays ? Cela pourrait être un « tandem gagnant », un scénario d’équilibre quasi parfait entre la politique, l’économie et les « Tantsaha » car, s’ils ont fait tous les deux apparemment les mêmes parcours académiques et professionnels et qu’ils mobilisent de ce fait les mêmes méthodologies de travail, Rajaonarimampianina , lui, a accédé aux plus hautes fonctions politiques alors que Rajaonary Erick, de son côté, a à son actif des « trophées » économiques et une audience sociale fort édifiants ».

Midi : Le mot de la fin ?

NMR : « A 2 ans de la présidentielle, le pays a besoin de renouer avec le succès. Le futur Premier Ministre doit être un acteur capital pour relever ce défi. Pour cela, il doit se conformer strictement à son rôle de « maître d’ouvrage délégué » de la PGE définie par le Président de la République. Sans lorgner sur le fauteuil du Président. Attelons-nous ensemble au redressement de ce pays. Halte à la politique politicienne. Tout le monde, toutes les institutions, tous les partis politiques doivent faire « acte d’obédience » à la politique définie dans la PGE. Procéder autrement dans sa tête ou dans ses actes, c’est tout simplement « injurier » le verdict des urnes ».

Propos recueillis par R. O

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