Il semble que cette rencontre entre les deux présidents Macron et Rajoelina a surpris tout le monde. Voilà un rendez-vous qui n’en est pas un parce que non programmé d’abord, puis ensuite très « intimiste ». On le sait, les agendas des chefs d’Etat sont non seulement sont très chargés mais réglés depuis de longue date. Le locataire du Palais de l’Elysée semble avoir bousculé son emploi du temps et paraissait être très pressé (un garde républicain tombé en syncope devant lui n’a même pas retenu son attention). Celui du Palais d’Iavoloha, bien que cette rencontre ne relève pas d’une visite d’Etat, bon nombre d’observateurs locaux furent surpris de son départ sans trop de tambours ni de trompettes, à croire qu’il était tout aussi pressé.
Et même Paris observe un silence radio, les seuls comptes rendus n’émanent que du côté malgache et ne parlent que des sujets qui ne fâchent pas, (sécheresse dans le sud, moyens contre le changement climatique, soutien de Madagascar Airlines…) Mais sur les sujets qui fâchent comme « les Iles éparses ; complot Apollo 21 » motus et bouches cousues à l’endroit de tout le monde. Les seules photos parues dans la presse locale malgache (si elles ne sont pas d’archives) étonnent car elles traduisent une grande cordialité. On y voit les deux, seuls, sans leurs suites habituelles, l’un décontracté au coin d’un grand canapé qui parle en se penchant vers l’autre dans un autre canapé, le tout rappelant des attitudes dans un confessionnal. Mais l’on peut se demander que peuvent-ils bien se dire et même manigancer les deux présidents. Etant à quelques mois de l’élection présidentielle dans la grande Ile, bien naïf celui pense qu’ils ne parlent pas des prochaines échéances électorales et de ses chances.
Les paroles de Jacques Chirac au sujet de Laurent Gbagbo en 2012 en Côte d’Ivoire doivent venir à, l’esprit de Macron, il disait : « Il faut être un imbécile, en Afrique, si on organise des élections et ne pas les gagner ». Et comme ce n’est pas un secret de polichinelle que la France est très, très attentive à cette élection, l’on suppose (au conditionnel, bien sûr) que « l’Homme fort de 2009 » va parler de ce qui le gêne aux entournures et va lui demander conseil et éventuellement un appui. Sinon, on ne comprend pas un tel empressement, ce n’est pas pour demander des nouvelles ni de madame, ni du favori de Roland Garros, sûrement pas ! Puis laissons aux mauvaises langues les histoires de « valises baladeuses » mais entre gens de bonnes familles, ils doivent chuchoter « La Russie et la Chine, pas chez moi » – « Ok, je ne te lâche pas !»
M.Ranarivao