L’expédition punitive de Befandriana Nord, qui a été dénoncée par toute la presse et par l’opinion en général, donne une fois de plus une piètre image de Madagascar à l’extérieur. Les dénégations des supérieurs hiérarchiques des auteurs des incendies de villages dans la région n’y feront rien et des actes de cette nature méritent d’être sanctionnés. Le retour à un certain apaisement de la population locale est à ce prix.
Ne pas faire deux poids, deux mesures
Le meurtre de deux policiers, victimes d’une vindicte populaire, est inqualifiable et les arrestations des présumés coupables et leur défèrement devant le tribunal d’Antsohihy sont tout à fait justifiés. Mais les actes de vengeance des collègues des deux fonctionnaires de police doivent être jugés de la même manière. Le président de la République, lors d’un de ses déplacements, a demandé que la lumière soit faite sur cette affaire et que tous les responsables de ces événements soient poursuivis. Pour le moment, la justice s’est uniquement intéressée aux civils qui ont été arrêtés.. Aucune enquête interne au niveau des forces de l’ordre n’a été effectuée ou du moins, si elle l’a été, elle ne semble pas avoir été suivie d’effets. Des personnalités de la société civile s’en sont émues. Des membres de la magistrature se sont, eux aussi, inquiétés de la tournure des événements. Dans le contexte actuel, le silence observé par les supérieurs hiérarchiques des auteurs des incendies ne peut calmer une situation très tendue. Les organisations humanitaires suivent de très près le problème. Les dénonciations des dérives des pouvoirs publics se sont multipliées ces derniers temps. L’exigence d’une moralisation de la vie publique se fait de plus pressante. Comme nous le disions souvent ces derniers temps, la relation de confiance entre l’Etat et les citoyens est plus ou moins rompue. Faire en sorte qu’elle soit restaurée est impérative.
Patrice RABE