L’espoir de voir enfin des mœurs politiques assainies semble s’être envolé après cette session plénière qui s’est tenue hier matin au Sénat. On aurait pu croire après cet arrêt de la HCC que, pour revenir à une bonne pratique de la démocratie, les membres de la Chambre Haute reviendraient sur leur décision et reprendraient depuis le début les procédures de constitution de ce bureau permanent qui ont fait couler beaucoup d’encre. Mais ils se sont donc contentés de compléter l’organigramme de cet organe qui va régir le fonctionnement de cette institution. C’est en parti dominant que le HVM a conduit les opérations, ne se donnant même pas la peine de sauver les apparences, en donnant une place même symbolique à l’opposition.
Ne pas oublier les leçons du passé
L’Histoire étant un éternel recommencement, le HVM, comme le TIM ou l’Arema avant lui, n’a nullement l’intention de partager un pouvoir qu’il a conquis de haute lutte et décidé à profiter de tous ses avantages, il ne va laisser aucune voix discordante perturber les débats à venir. Il va donc pouvoir faire adopter tous les textes de loi qu’il jugera utiles pour le pouvoir en place. Cette domination sans aucune contestation est cependant à double tranchant car, sans aucun garde-fou, il sera tenté d’outrepasser ses prérogatives. La population n’est pas dupe et elle observe ce comportement de vainqueur avec un regard plutôt ironique. Les commentaires des citoyens qui ne se lâchent qu’en privé sont extrêmement sévères et devraient faire réfléchir ceux qui nous dirigent. C’est dans les médias qu’existe cet espace de liberté qui permet de rapporter tous les dysfonctionnements d’un système qui veut tout régenter. Certains analystes avaient parlé de pensée unique, en faisant référence à cette manière d’imposer des idées toutes faites, parachutées du sommet de l’Etat. Mais cette belle assurance peut vaciller à tout moment et les fondements de ce pouvoir semblant si solides peuvent être balayés en très peu de temps. 2002 et 2009 ne sont pas si loin et nous rappellent de bien mauvais moments. Les dirigeants de ces périodes ont cru qu’ils tenaient fermement la barre et la population excédée leur a montré qu’ils ne pouvaient pas régner sans partage. Le contexte actuel est certes différent mais la situation, si le régime n’y prend pas garde, peut déraper à tout moment. Le passé n’est pas si loin. Les leçons doivent en être tirées.
Patrice RABE
