C’est une situation particulièrement difficile à laquelle le régime est confronté en ce moment. La conjonction de tous les mécontentements et de toutes les frustrations qui rythment la vie sociale actuellement l’expose à un risque de soulèvement populaire. Certes, la majorité de la population malgache n’est plus encline à vivre les moments pénibles qui ont suivi les manifestations violentes de 2009, mais sa patience et sa résignation ont des limites. Pour paraphraser une expression du grand poète Rado, le couvercle de la marmite pourrait exploser sous la pression des événements.
Ne pas revivre les mêmes événements
Le pouvoir est tout à fait conscient de l’immense malaise que ressent la société malgache depuis ces derniers temps. Il essaie tant bien que mal de régler tous les sujets de mécontentement qui ont surgi durant cette première partie du quinquennat du président Hery Rajaonarimampianina. Les directives adressées par ce dernier au gouvernement d’Olivier Mahafaly sont claires : tout faire pour amoindrir les difficultés endurées par les Malgaches. Sa tâche n’est guère facilitée par le feu roulant de critiques émis par une presse pouvant s’exprimer librement. L’opinion qui fait la part de l’objectivité et de la mauvaise foi des journalistes est sensible aux arguments avancés à bon escient. Le régime donne l’impression de marcher sur des œufs et évite de répondre de manière directe aux attaques verbales qui lui sont adressées. Mais cela ne l’empêche pas de mettre en garde les éventuels fauteurs de trouble. Il lui faudra cependant à un moment donné ne plus donner l’impression d’esquiver ses responsabilités et rétablir les droits de ceux qui ont été lésés. Les protestations de ces derniers ne pourront pas être éternellement passées sous silence. Le mois de mai commence dans deux jours et on a l’impression de revivre les mêmes événements passés. L’histoire, dit-on, est un éternel recommencement. Mais ne pourrait-on pas réagir et passer enfin un mois de mai sans conflits et heurts meurtriers ?
Patrice RABE