Le moins qu’on puisse dire à propos de la situation actuelle, c’est qu’elle échappe à toute logique. Les critiques qui se multiplient à propos de la gestion sanitaire de la crise sanitaire sont des signes dont devraient tenir compte nos dirigeants. La presse et les membres de la société n’ont pas manqué de souligner l’atteinte intolérable portée à la liberté d’expression par la décision interministérielle prise la semaine dernière. L’opposition qui, elle aussi, s’est sentie particulièrement visée est montée au créneau. La notion de trouble à l’ordre public mentionnée pour justifier la suspension des émissions politiques sur les chaînes audiovisuelles a suscité une réaction tout à fait justifiée car elle porte atteinte à un droit fondamental, celui de la liberté d’expression, mentionné dans la constitution. Il est question de relever les erreurs du pouvoir qui méritent d’être soulignées et qui devraient lui permettre de rectifier le tir.
Nécessité de restaurer la liberté d’expression
La gravité de la situation engendrée par cette seconde vague de l’épidémie devrait amener une union sacrée pour y faire face. Le pouvoir a pris des décisions qui sont méritoires, mais qui n’ont pas réussi à endiguer la progression des contaminations. Les remarques souvent justifiées faites sur les chaînes audiovisuelles ont été considérées comme génératrices de trouble à l’ordre public. C’est donc la raison de ce coup d’arrêt donné par les autorités. Cependant, il s’agit d’empêcher un débat qui, au contraire, devrait aider nos dirigeants dans leur façon d’appréhender la réalité. L’exemple donné par les démocraties dans le monde devrait nous inspirer. Les termes de « pensée unique » utilisés par certains sont très forts, mais ils donnent une idée assez claire de ce qui peut advenir. Une plainte va être déposée par l’opposition au Conseil d’Etat pour attaquer la décision interministérielle qui a été prise. La suite qui lui sera donnée permettra d’envenimer ou d’apaiser une situation plutôt tendue. Dans le contexte actuel, il est peut-être indiqué de s’unir pour faire face au péril représenté par la Covid-19.
Patrice RABE