Le chiffre de 1 131 milliards de manque à gagner de l’Etat dans le cadre des passations des marchés publics a de quoi donner le tournis. Le Bianco qui a annoncé ce chiffre n’a peut-être pas encore dévoilé toute l’ampleur des malversations qui ont eu lieu durant ces dernières années. L’affaire Claudine Razaimamonjy n’est qu’une parmi des dizaines voire des centaines de dossiers traités par le Bureau Indépendant Anti Corruption et on peut rendre hommage à sa manière de travailler. Il y a encore cependant beaucoup à faire pour arriver à éradiquer le mal de la corruption à Madagascar.
Nettoyer les écuries d’Augias
Le Bianco, après son installation par le régime du président Hery Rajaonarimampianina, avait mené de nombreuses enquêtes,et ficelé beaucoup de dossiers, mais curieusement cela n’a abouti à aucune poursuite. Il a fallu que l’affaire Claudine Razaimamonjy éclate et qu’elle mette en lumière la détermination de l’organisme pour qu’on prenne au sérieux son action. Depuis, son rôle s’est renforcé et il a pu travailler de manière indépendante sans les interférences du pouvoir. Le régime du président Andry Rajoelina, lors de son installation, a fait de la lutte contre la corruption son leitmotiv. Les plaintes se sont multipliées et ont donné lieu à des enquêtes approfondies. Les dossiers ont été transmis au PAC (pôle anti corruption). Des poursuites ont été ou vont être diligentées. Le résultat est consigné dans ce rapport dressé par le Bianco. On n’en connaît pas exactement le détail, mais le chiffre du manque à gagner de l’Etat dans le domaine de la passation des marchés publics montre qu’il faut vraiment assainir le secteur. Les délinquants en col blanc font énormément de tort à la collectivité et doivent être sévèrement punis. Les marchés publics ont toujours donné lieu à des contrats juteux que se sont partagées des personnes sans scrupules. Ces dernières ont bénéficié de la complicité de personnalités des régimes qui se sont succédé. L’heure est maintenant à l’instauration d’un Etat de droit. Le Bianco joue un rôle tout à fait noble : « nettoyer les écuries d’Augias » ou faire un véritable toilettage des pratiques qui ont cours.
Patrice RABE