
La capitale s’apprête à accueillir les chefs d’État membres de la Communauté de développement de l’Afrique australe. Le secrétaire exécutif de l’organisation, Elias Magosi, est déjà sur place. Le sommet d’Antananarivo constitue un test diplomatique majeur pour Madagascar, mais aussi une occasion rare d’influencer l’agenda régional.
Le rendez-vous diplomatique régional est lancé dans la capitale. La réunion des hauts fonctionnaires et des experts clés de la SADC sur l’examen à mi-parcours du Plan stratégique indicatif régional de développement (RISDP) 2020-2030 et du cadre de mobilisation des ressources de la SADC est actuellement en cours à Antananarivo. Cette rencontre, qui va se dérouler du 4 au 5 août, est le préliminaire du sommet des chefs d’Etat qui aura lieu le 17 août prochain. Cet événement ne se limitera pas à une simple alternance protocolaire à la tête de l’organisation mais incarne une mise à l’épreuve des ambitions politiques, économiques et diplomatiques de l’Afrique australe, dans un contexte global marqué par l’instabilité géopolitique.
Au cœur de cette rencontre régionale figure la passation de la présidence tournante de la SADC entre le président du Zimbabwe, Emmerson Dambudzo Mnangagwa, et le président malgache, Andry Rajoelina. Ce changement de leadership intervient dans une conjoncture délicate, où les pays de la région sont appelés à concilier industrialisation accélérée, transformation agricole durable et transition énergétique inclusive. Le choix de Madagascar comme hôte, et bientôt leader politique du bloc, traduit une volonté collective de reconnaître son rôle stratégique dans l’Océan Indien et de renforcer la participation des États insulaires à la gouvernance régionale, nous a livré un analyste.
Forum SADC-USA
Les travaux préparatoires, entamés depuis hier 4 août, traduisent l’ampleur du dispositif diplomatique mobilisé. La réunion du Comité permanent des hauts fonctionnaires, le Conseil des ministres, le forum SADC–États-Unis et même une conférence publique à l’Université d’Antananarivo témoignent d’une approche multisectorielle et inclusive. Ces événements n’ont pas seulement vocation à baliser le terrain pour les décisions à venir mais ils traduisent également une volonté politique de « repositionner la SADC comme un acteur régional structurant, capable de mobiliser l’expertise technique, les institutions universitaires, et les partenaires internationaux autour d’un agenda de transformation »? indique-t-on.
L’arrivée des chefs d’État, attendus les 15 et 16 août, cristallise à la fois l’attention médiatique et les attentes populaires. Parmi les figures annoncées, Cyril Ramaphosa pour l’Afrique du Sud, Duma Gideon Boko pour le Botswana, Lazarus Chakwera pour le Malawi ou encore Navin Ramgoolam pour Maurice. Cette densité de présence diplomatique est le reflet d’un consensus relatif sur la nécessité de relancer l’intégration régionale face à la fragmentation croissante des intérêts nationaux. Dans une communication relayée par le ministère des Affaires étrangères à la presse, neuf chefs d’Etat et de gouvernement sont attendus dans la capitale dans le cadre de cet évènement.
Cependant, au-delà de l’apparat et des discours de circonstance, les résultats concrets du Sommet restent suspendus à la capacité des États membres à traduire leurs engagements en politiques nationales coordonnées. La présidence malgache sera attendue sur sa faculté à impulser une dynamique concrète en matière d’industrialisation locale, de modernisation agricole et d’investissement dans les énergies renouvelables ainsi que de la promotion de la paix dans la région. Or, ces ambitions supposent un pilotage politique cohérent, une coopération technique renforcée et un financement durable, dans une région encore marquée par de fortes disparités socioéconomiques.
Rija R.