
Les tentatives de rapprochement qui se sont succédées ces derniers temps n’ont donc rien donné. « Ce qui prime pour moi c’est l’avenir de Madagascar et non pas le poste de Premier ministre ». C’est ce qu’a déclaré hier l’ancien président de la Transition, Andry Rajoelina. Selon ses dires, le Bureau politique national du MAPAR l’a désigné à l’unanimité pour être le Premier ministre, mais il a rejeté la proposition à cause de l’hypocrisie des dirigeants actuels. En effet, l’ancien leader de la Révolution orange se dit offensé par l’attitude du nouvel homme fort du pays qui, d’après lui, « a trahi ses partisans et le peuple malgache en choisissant de renier sa famille politique en se ralliant à ses adversaires politiques ». Et l’ex-président de rappeler que Hery Rajaonarimampianina n’a pas été élu sans les efforts fournis par l’équipe du MAPAR. « Au lieu de renforcer la cohésion au sein de sa famille politique, le président a choisi de se solidariser avec ceux qui ont réclamé sa disqualification lors de l’élection », a-t-il soutenu. Il a notamment avancé comme exemple le cas de l’élection à la Présidence de l’Assemblée nationale où c’est le leader de la mouvance Ravalomanana, Maître Hanitra Razafimanantsoa qui a présenté le candidat de la Plate-forme pour la majorité présidentielle, Jean Max Rakotomamonjy, ou encore le « nofon-kena mitam-pihavanana » organisé par le HVM à Sabotsy Namehana où les leaders de cette plate-forme se sont affichés avec Saraha Georget Rabeharisoa et Hajo Andrianainarivelo pour présenter les deux députés de la mouvance Ravalo élus à Ambohidratrimo. Pourtant, d’après Andry Rajoelina, « il est temps d’adopter de nouveaux principes politiques à Madagascar ».
Coup de force. Après avoir joué la carte de la discrétion depuis quelque temps, Andry Rajoelina a décidé de sortir de son silence pour déclarer la guerre à son ancien ministre de Finances et du Budget. Une guerre faisant suite notamment à la divergence de points de vue concernant la nomination du Premier ministre. Les tentatives de rapprochement qui se sont succédées ces derniers temps n’ont donc rien donné. « N’oubliez pas que la Justice divine existe. Le succès qui est aveugle ne dure jamais. Soyez lucide », a déclaré l’ex-président de la Transition. Et lui d’ajouter que « 2018 est encore loin. En quatre ans, il peut se passer beaucoup de choses ». Cette déclaration se présente en effet comme une mise en garde à peine voilée contre le nouveau président. La question est cependant de savoir, si Andry Rajoelina envisage de rééditer le coup de force de 2009 contre un régime qui vient d’être mis en place. D’autant plus qu’actuellement, bon nombre d’observateurs estiment que le MAPAR pourrait lancer une procédure d’empêchement.
Ingérence. Pour ce qui est de la nomination du PM, l’ancien locataire d’Ambohitsorohitra a donné une consigne au Bureau politique national du MAPAR afin de proposer un autre nom de candidat Premier ministre incessamment. A ce sujet, le MAPAR est contre l’ouverture au sein du gouvernement. « On ne peut pas parler de cohabitation. Le MAPAR ne trahira pas sa famille politique. Cependant, je ne suis pas contre une ou deux personnalités disposant des expériences au sein des autres entités politiques mais la Constitution est claire, il n’est pas question de mettre en place un gouvernement de consensus, ni de nommer un Premier ministre issu du camp adverse ». Dans la foulée, Andry Rajoelina s’est demandé « combien de ministres UMP existent-ils au sein du gouvernement de François Hollande ? Cela relève des règles démocratiques universelles ». A ce sujet, Andry Rajoelina reste intraitable. Il est contre toute ingérence étrangère dans la formation du gouvernement. Et lui de déclarer que « Madagascar est un Etat souverain. Comment peut-on dicter de l’extérieur les personnalités qui dirigeront le pays ? On ne peut pas s’agenouiller sur les désidératas des partenaires ou de la Communauté internationale. C’est inacceptable ». Aux dernières nouvelles, le MAPAR présentera le nom du PM au président de la République ce jour.
Davis R