Qui n’a pas humé et aimé cette senteur au crépuscule quand on traverse une campagne. Chaque maison d’un village malgache grille ses grains de café pour avoir le breuvage le lendemain matin. Ce n’est pas encore le bien-être mais une certaine douceur de vivre, il n’empêche. Au lever du soleil, la mère prépare cette boisson que tout le monde, du plus petit au plus grand, fait réveiller non pas dans une petite tasse d’expresso mais à coup de grand « zinga ». C’est le rite du Malgache bien illustré dans le manuel scolaire « Les Joies et Travaux de l’île heureuse ». Cette image-là, hélas, va de plus en plus se dissiper de notre tableau national. Votre journal quotidien nous livre en effet, que notre production de café n’arrive plus à satisfaire la consommation locale et qu’on est obligé d’importer 1 000 tonnes de ce produit chaque année. Ô misère que nous arrive-t-il ? Notre terroir si généreux, autrefois pour nous, se dérobe-t-il sous nos pieds au point de nous obliger de faire venir d’ailleurs ce qu’il nous a livré abondamment avant ? Plus de sucre, pas assez de riz même les bananes sont vertes et faméliques ou d’autres encore. On veut bien croire que le « paiso petakorona » ait disparu de nos vergers parce que génétiquement disent les spécialistes il a disparu, mais le riz, le café non ! Sinon à quoi servent ces centres de recherches, ces spécialistes en arboriculture.
Mais en ville aussi l’habitude de boire du café ne se perd. Il y en a de tout de l’expresso, de l’allongé en passant par le café-crème au cappuccino et c’est selon ce qu’on veut, mais le plus populaire reste le café « gasy » à 200 ariary la tasse la plus souvent assortie de galette « mofo gasy ». Dans tous les quartiers, ces petites échoppes ne se désemplissent pas, on en est si friands que même des touristes étrangers de passage se laissent tenter de les fréquenter.
Signe peut-être de sa rareté rampante, des torréfacteurs malfaisants ne sont pas au bout de l’impasse et mélangent le café grillé et du maïs mais les vrais amateurs de café que nous sommes savons discerner le « bon grain de l’ivraie » comme on dit. Si vous prenez surtout la Route nationale 4, ne ratez pas de vous arrêter un petit instant pour vous enivrer de cette odeur de parfum bien de chez nous, on vous offrira volontiers du café car c’est encore bien des fois dans nos coutumes.
M.Ranarivao