
Si les hauts dirigeants du pays, qui sont tous des HVM, sont actuellement préoccupés par la préparation des congrès régionaux de ce parti au pouvoir, les Malgaches continuent de vivre dans une insécurité sans précédente.
C’est presque tous les jours qu’on apprend ces derniers temps des actes d’insécurité dans le pays. Et pas plus tard que samedi dernier à Mandrosoa Ivato, un couple grossiste de nationalité malgache a été victime d’acte de kidnapping. L’homme a pu échapper à ses ravisseurs, contrairement à sa femme qui reste disparue jusqu’à présent. Un des présumés ravisseurs aurait été appréhendé par les forces de l’ordre. Le même jour, une attaque à main armée s’est produite à Sabotsy Namehana. L’attaque a fait un mort et des blessés. Et encore le même jour, un jeune « Karana » a été trouvé mort à Antsakaviro. Visiblement, les Malgaches sont abandonnés à leur triste sort par un Etat dont les dirigeants ne cessent de faire croire aux citoyens qu’ils font tout pour maîtriser la situation. Des réunions se succèdent au niveau des forces de l’ordre, mais rien ne change. Si les familles des personnes kidnappées n’osent plus confier des informations aux forces de l’ordre, c’est parce qu’elles n’ont plus confiance en l’efficacité de celles-ci. Elles préfèrent payer des rançons au lieu de recourir à des autorités qui ne peuvent plus leur apporter de l’assurance quant à leur intervention. La coopération des familles des victimes avec les forces de l’ordre comporte au contraire des risques pour elles.
Que diront-ils encore ? Que diront-ils encore le Premier ministre Mahafaly Solonandrasana Olivier et les ministres en charge du maintien de l’ordre et de la sécurité publique devant les sénateurs ce jour ? Si les sénateurs sont conscients de ce que les Malgaches endurent ces derniers temps, ils doivent arriver à dire aujourd’hui aux membres du gouvernement : « Si vous ne pouvez rien faire face à la recrudescence de l’insécurité tant urbaine que rurale, démissionnez ! » Pour certains observateurs, les dirigeants doivent avouer leur impuissance devant les problèmes auxquels sont quotidiennement confrontés les 22 millions de Malgaches. Si les dirigeants affirment que les moyens ne sont pas suffisants pour lutter contre ce phénomène d’insécurité, leur réelle volonté d’agir devrait être palpable dans la Loi de Finances Rectificative 2017 (LFR) dont l’avant-projet de loi vient d’être validé en Conseil des ministres. La lutte contre l’insécurité fait-elle partie des priorités de l’Etat dans cette loi ? En tout cas, l’Etat n’a plus d’excuse à présenter car après l’affaire Antsakabary, le ministre de la Sécurité publique Anandra Norbert a été remplacé et que la Gendarmerie a son nouveau secrétaire d’Etat depuis le mini-remaniement. Sans parler du fait que si Mahafaly Solonandrasana Olivier a été reconduit à la Primature et au ministère de l’Intérieur, c’est parce que le président de la République est convaincu de son efficacité. Que font-ils alors ces nouveaux responsables ?
R. Eugène