Trop petits pour leur âge, trop maigres pour leur taille, ou au contraire, en surpoids, voire obèses, ou alors souffrant de carences en vitamines et nutriments essentiels, les mauvais choix en matière d’alimentation exposent les enfants à des risques réels sur leur santé. Le rapport de l’UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l’enfance) publié ce jour, sur la situation mondiale des enfants en matière de nutrition est sans équivoque.
A Madagascar, près de deux millions d’enfants, soit 42% des enfants dans le pays, sont trop petits pour leur âge, tandis que 270.000 enfants, environ 6%, souffrent d’émaciation : trop maigres pour leur taille. Une situation à ne pas mettre sur le compte du « vahana », cette morphologie héritée des gènes familiaux, selon la pensée populaire. Les retards de croissance sont surtout causés par les mauvaises pratiques alimentaires. En effet, un mauvais régime alimentaire a des répercussions sur la santé et le développement physique et intellectuel de l’enfant. Après l’âge de 2 ans, le retard de croissance est irréversible. En l’absence de prévention, les séquelles installées restent définitives. L’enfant émacié peut, toutefois, bénéficier d’un traitement médical approprié, indépendamment de son âge. Dans le monde, un enfant de moins de 5 ans sur trois souffre de malnutrition, et deux enfants de moins de 2 ans sur trois s’alimentent mal.
Le problème de malnutrition étant particulièrement complexe, la prévention nécessite des actions conjointes de santé, de nutrition, d’agriculture, de protection sociale, et autres domaines.
Rapport. Les causes des problèmes d’alimentation sont multiples. Selon le nouveau rapport de l’UNICEF sur les enfants, la nourriture et la nutrition, publié ce jour, la pauvreté, l’urbanisation, les changements climatiques et de mauvais choix en matière d’alimentation contribuent à l’adoption de régimes alimentaires préjudiciables à la santé. « Un nombre bien trop élevé d’enfants subissent les conséquences d’une mauvaise alimentation et d’un système alimentaire qui ne tient pas compte de leurs besoins », alerte alors l’UNICEF. Ce rapport signale que dans le monde, au moins un enfant de moins de 5 ans sur trois (soit 200 millions d’enfants), souffre de dénutrition ou de surpoids. Près de deux enfants âgés de 6 mois à 2 ans sur trois ne consomment pas d’aliments capables de soutenir la croissance rapide de leur corps et de leur cerveau. Cette situation est susceptible d’entraver leur développement cérébral, de nuire à leur apprentissage et d’affaiblir leur système immunitaire, et augmente les risques d’infections et, dans de nombreux cas, de décès. A Madagascar, outre les constats de retard de croissance, des centaines de milliers de femmes et d’enfants souffrent de carences en vitamines et minéraux essentiels (vit A, fer, zinc, etc.).
Evaluation complète. « Des millions d’enfants ont une mauvaise alimentation pour la simple raison qu’ils n’ont pas d’autre choix. Le regard que nous portons sur la malnutrition et la manière dont nous traitons ce problème, doivent évoluer : l’enjeu n’est pas tant de donner aux enfants suffisamment de nourriture, mais de leur donner les bons aliments… Les enfants qui mangent mal vivent mal », devait déclarer Henrietta H. Fore, directrice générale de l’UNICEF.
Le rapport livre l’évaluation la plus complète à ce jour de la malnutrition infantile sous toutes ses formes au XXIe siècle. Il décrit le triple fardeau de la malnutrition, à savoir la dénutrition, la faim insoupçonnée induite par des carences en nutriments essentiels et le surpoids, que subissent les enfants de moins de 5 ans. Il y est ainsi souligné qu’à l’échelle mondiale, 149 millions d’enfants présentent un retard de croissance ; 50 millions d’enfants souffrent d’émaciation ; 340 millions d’enfants (soit un enfant sur deux) souffrent de carences en vitamines et en nutriments essentiels, tels que la vitamine A et le fer ; et 40 millions d’enfants sont en surpoids ou obèses.
Allaitement. Le rapport insiste sur le fait que les mauvaises pratiques en matière d’alimentation commencent dès les premiers jours de vie de l’enfant. L’allaitement y trouve une place prépondérante. Madagascar n’affiche pas de résultats satisfaisants dans ce domaine dans la mesure où seulement 45% des mères initient l’allaitement dans l’heure qui suit la naissance ; 50% pratiquent l’allaitement maternel exclusif de la naissance à 6 mois et 60% continuent d’allaiter jusqu’aux 2 ans de l’enfant. De plus, la commercialisation des substituts au lait maternel ne respecte pas les règles internationales de marketing pour la protection de l’allaitement maternel mettant en danger des centaines de milliers de nourrissons chaque année.
Mauvais régimes. La diversification alimentaire à partir de 6 mois de l’enfant n’est pas satisfaisante non plus, à l’échelle mondiale, indique le rapport. Beaucoup de nourrissons adoptent un régime alimentaire inapproprié : 45 % des enfants âgés de 6 mois à 2 ans ne consomment pas de fruits ou de légumes ; et 60 % ne mangent pas d’œufs, de produits laitiers, de poissons ni de viande. A Madagascar, c’est moins d’un enfant sur quatre qui reçoit une alimentation suffisamment variée. En grandissant, les enfants sont de plus en plus exposés à des aliments mauvais pour la santé, notamment à cause de pratiques de marketing et de publicité inappropriées, de l’abondance d’aliments ultra-transformés dans les villes comme dans les régions reculées, et d’un accès accru aux produits de la restauration rapide et aux boissons très sucrées.
Les ados aussi. Les adolescents ne sont pas épargnés par le problème. Le rapport indique que 42 % des adolescents scolarisés dans les pays à revenu faible et intermédiaire consomment des boissons gazeuses sucrées au moins une fois par jour et que 46 % mangent des produits de restauration rapide au moins une fois par semaine. Dans les pays à revenu élevé, ces pourcentages atteignent respectivement 62 % et 49 %. Ces phénomènes entraînent une augmentation des niveaux de surpoids et d’obésité durant l’enfance et l’adolescence. La proportion d’enfants de 5 à 19 ans souffrant de surpoids a doublé entre 2000 et 2016. Dans la même tranche d’âge, 10 fois plus de filles et 12 fois plus de garçons souffrent d’obésité qu’en 1975. Le rapport souligne également que ce sont les enfants et les adolescents des communautés les plus pauvres et marginalisées qui sont les plus sévèrement frappés par la malnutrition sous toutes ses formes ; et que les catastrophes liées au climat provoquent de profondes crises alimentaires.
Expo photo. En marge du lancement de ce rapport mondial de l’UNICEF sur la situation des enfants dans le monde, l’UNICEF et le PAM (Programme alimentaire mondial) lancent ce soir une exposition photos sur le thème : « Ouvrons le champ des possibles ! La Nutrition à Madagascar », à la City Ivandry. Une exposition réunissant les principaux partenaires œuvrant dans le domaine de la lutte contre la malnutrition à Madagascar, notamment l’Office National de Nutrition (ONN), le ministère de la Santé publique, la Banque Africaine pour le Développement (BAD), le CERF, la Direction générale pour la protection civile et les opérations d’aide humanitaire européennes de la Commission Européenne (ECHO), l’Agence des Etats-Unis pour le développement international(USAID) , la Principauté de Monaco ainsi que les gouvernements d’Andorre, d’Allemagne, du Canada, de France, du Japon et de la Suisse. L’exposition photos sera ouverte au public du 16 au 20 octobre 2019.
Hanitra R