
L’expert de la FAO, Cheikh M. H. Dehah, a livré, sans complaisance, les résultats de sa mission d’évaluation de la seconde phase du Plan National d’Action pour la Nutrition (PNAN II), dans un contexte local où 47 % des enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition chronique.
Une mobilisation financière quelque peu défaillante face à un PNAN II très ambitieux par rapport aux possibilités de financement, quelques lacunes en matière de coordination et de communication, une approche multisectorielle à renforcer et surtout, un réel besoin de volonté politique d’investir davantage dans la nutrition. L’expert international en nutrition de la FAO, Cheikh Dehah, n’y est pas allé avec le dos de la cuillère en livrant, hier, dans le cadre d’un atelier de restitution, les résultats, conclusions et recommandations de l’évaluation du PNAN II, au terme d’une mission d’appui proposée par la FAO à la demande du gouvernement malgache à travers l’ONN (Office National de Nutrition). Ce, avant l’élaboration d’une nouvelle politique nationale de nutrition, la dernière datant de 2004 étant dépassée et n’ayant pas pu prendre en compte les situations et événements survenus plus tard. « Le pays a besoin d’un nouveau document de politique intégrant les nouveaux objectifs mondiaux », souligne alors l’expert. Et lui de préciser que l’investissement dans la nutrition est rentable et mérite autant d’importance de la part de l’Etat que l’investissement dans les infrastructures ou l’industrie. « Investir 1 dollar dans la nutrition d’un enfant équivaut à un gain de 30 dollars quand il arrive à l’âge adulte », souligne-t-il.
Financement et politique sectorielle. Aussi bien les points forts que les lacunes dans la mise en œuvre du PNAN II, tous les volets de ce plan d’action ont été examinés par l’expert, avec l’implication des offices régionaux de nutrition et des acteurs du secteur nutrition à Madagascar. Dans sa mise en œuvre, des écarts entre les objectifs et l’effectivité des actions ont été constatés et ce, en raison du manque de financement. La mise en œuvre du PNAN II n’a été effective que dans 9 régions sur 22, signale l’expert. De même, les actions, pourtant en nombre, sont menées dans bien des régions mais de façon disparate.
Le niveau d’implication de PNAN II dans les politiques sectorielles a également été évalué, avec un constat de nécessité de redressement. « La majorité des secrétariats généraux des départements étatiques à actions spécifiques et/ou sensibles à la nutrition, n’est que superficiellement au courant de la mise en œuvre du PNAN II, comme c’est le cas pour le département de la Pêche ou encore celui de la Communication, ou alors, ils le sont de façon tardive comme c’est le cas pour le ministère de la Population. Ceux qui le sont comme les départements Santé et Agriculture, ne pensent pas se l’approprier comme une stratégie sectorielle, pourtant seule référence de toute action de leur département en matière de développement de la nutrition », constate l’expert.
Acquis. La coordination des actions pour éviter les dualités entre deux secteurs et la nécessité de mise en ordre concernant le rôle de chaque acteur ainsi que l’implication de tous les secteurs concernés et la communication entre les parties prenantes représentent alors, d’après son rapport, des défis majeurs pour améliorer les stratégies futures. Ce, parallèlement au maintien des acquis, comme les impacts positifs de l’accentuation des programmes de lutte contre la malnutrition aiguë depuis 2003, ou encore les cantines scolaires dans les zones les plus vulnérables comme le grand Sud.
Les résultats de cette évaluation seront un outil de décision dans l’élaboration d’un futur document stratégique en matière de nutrition à Madagascar. L’expert préconise, non plus un plan national d’action, mais un plan d’action intersectoriel de nutrition.
Hanitra R.