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lundi, juillet 7, 2025
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Opposition : Ambition mal placée pour des chefs de parti

Parmi les partis politiques qui se sont jusqu’ici déclarés d’opposition, seul le TIM est représenté à l’Assemblée nationale.

Les chefs des partis qui ne sont pas membres de la plateforme politique pro-régime IRMAR veulent tous devenir chef de l’opposition officiel.

Les débats sur la désignation du futur chef de l’opposition officiel tournent au ridicule. Ces derniers temps, des chefs de soi-disant partis d’opposition se manifestent, après la décision du TIM qui a déposé auprès du ministère de l’Intérieur une déclaration officielle le classant dans l’opposition. Force est cependant de constater que ces soi-disant partis d’opposition n’ont aucun député à l’Assemblée nationale. Or, d’après l’article 11 de loi n°2011-013 portant statut de l’opposition et des partis d’opposition, l’opposition a pour mission de jouer le rôle de contre-pouvoir et d’équilibre de pouvoir, de proposer des lois à l’Assemblée nationale, de contrôler les activités du régime en place, de proposer les solutions alternatives à la nation, et d’œuvrer pour l’alternance au pouvoir par voie légale, tout en jouant le rôle du cabinet. Par ailleurs, l’article 14 de la même loi dispose que les membres de l’opposition doivent être représentés dans les diverses commissions instituées au sein de l’Assemblée nationale, et y président au moins une commission. Visiblement, tout cela ne peut être exercé qu’au niveau de l’Assemblée nationale. Peut-on alors imaginer qu’un chef d’un parti politique qui n’a aucun député à la Chambre Basse soit désigné chef de l’opposition officiel ? La crédibilité de la future opposition risque d’être en jeu.

Régime semi-parlementaire. Madagascar a opté pour un régime semi-parlementaire. L’article 54 de la Constitution de la Quatrième République l’affirme quand il prévoit que « le président de la République nomme le premier ministre, présenté par le parti ou le groupe de parti majoritaire à l’Assemblée nationale ». Raison pour laquelle le premier ministre, dans les trente jours de sa nomination, est tenu de présenter son programme de mise en œuvre de la Politique Générale de l’Etat (PGE) au parlement, qui peut émettre des suggestions. Le fait qu’on ait actuellement un régime parlementaire permet de conclure que la future opposition devra être d’abord parlementaire avant autre chose. Un chef d’un parti politique qui est représenté à l’Assemblée nationale semble alors être bien… parti pour être désigné chef de l’opposition officiel. Ce n’est pas d’ailleurs pour rien que l’alinéa premier de l’article 6 de la loi n°2011-013 dispose que la désignation du chef de l’opposition officiel se fait « après chaque élection législative ». Ce qui n’exclut pas l’existence de partis politiques qui ne sont pas représentés au sein du parlement, mais qui choisissent de s’opposer au pouvoir en place. La présidente du parti d’opposition « Manda ho an’ny Firaisam-pirenena », Lalatiana Ravololomanana, n’a pas eu tort lorsqu’elle a déclaré que « l’opposition devrait avoir une vision commune ».

Réforme du système politique. Face aux différentes réformes engagées par le nouveau régime dans divers secteurs de l’Etat, force est d’admettre que la réforme du système politique à Madagascar s’impose si l’on veut mettre fin aux crises cycliques qui ont toujours pris en otage l’économie du pays. L’existence d’une opposition légalement reconnue garantit l’alternance démocratique au pouvoir. L’époque du mercenariat politique est révolue. A l’Assemblée nationale, l’existence d’une majorité nette pro-pouvoir met fin au « business politique ». Pourtant, un pouvoir qui veut faire réussir son programme de gouvernement devrait avoir en face de lui une opposition crédible, capable de jouer le rôle de contre-pouvoir. Le mandat du président Hery Rajaonarimampianina en est une illustration parfaite. Aucun parti d’opposition n’a été officiellement reconnu durant ce mandat qui s’est terminé en catastrophe. En tout cas, Madagascar a déjà adopté en 2011 une nouvelle loi sur les partis politiques. Certaines dispositions de cette loi ne sont pas encore effectives, mais on a déjà pu réduire à 216 le nombre de partis politiques, s’il était de plus de 300 auparavant. La même année, le pays a pu faire voter une autre loi portant statut de l’opposition et des partis d’opposition, dont l’effectivité souffre encore de l’absence des textes d’application. A ces deux lois devrait s’ajouter une autre loi aussi importante que la loi sur le financement des partis politiques. Bref, le pouvoir en place n’aura pas intérêt à ignorer la mise en place d’une opposition crédible dans le pays.

R. Eugène

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