
Trois mois après les dernières élections communales, l’opposition se cherche. Outre les égos des différents chefs de partis, elle doit également gérer les ambitions personnelles de certains élus.
« On ne peut pas se passer de Marc Ravalomanana ». Ce sont les mots du député du Firaisankina d’Ambatondrazaka, Fidèle Razara Pierre, lundi, dans son émission quotidienne « Az Miara-Manonja », tout en précisant que « l’ancien président reste le leader naturel de l’opposition et quiconque qui pense créer une autre plateforme sans mettre Marc Ravalomanana parmi ses dirigeants se trompe ». En effet, depuis le début de l’année, une série de réunions entre partis de l’opposition se sont tenues. À Faravohitra, ces derniers jours, des représentants des forces vives en dehors du régime se sont également donné rendez-vous. Les points communs entre ces différentes rencontres sont qu’elles étaient toutes parasitées par une guerre de leadership entre les différents chefs politiques. Bloquant ainsi toute tentative de mettre en place une stratégie efficace pour renverser le rapport de force qui reste favorable au régime dans un contexte politique un peu compliqué.
Irréconciliables
« Seuls le Tiako i Madagasikara (TIM) et le Hery Vaovao hoan’i Madagasikara (HVM) peuvent se prétendre réellement représenter l’opposition », a poursuivi le député d’Ambatondrazaka. La hache de guerre semble ne pas encore être enterrée entre les deux principales plateformes de l’opposition qui s’accusent mutuellement depuis la période électorale d’avoir passé un deal avec l’actuel régime. En tout cas, après les explications de Tahina Razafinjoelina, numéro un du parti Tia Tanindrazana et co-président de la plateforme Kôlekitifa an’ny Malagasy, sur l’existence d’un rapprochement entre les partis de l’opposition au début de l’année, ce vendredi, une rencontre à laquelle ont participé des représentants de la plateforme Firaisankina, du Mouvement Gasikara, du Kôlekitifa an’ny Malagasy et d’autres forces en dehors du régime, s’est tenue. L’organisation interne de l’opposition a, en effet, monopolisé le débat. Le problème de leadership serait, une fois encore, constitué de blocage pour des formations de l’opposition qui semblent irréconciliables après la période électorale et les dérapages verbaux.
Mercenaires politiques
A côté de cette guerre des chefs, les bisbilles entre leurs lieutenants éclatent également en public. Les différends entre Siteny Randrianasoloniaiko et Fidèle Razara Pierre, bien qu’ils appartiennent à la même coalition politique, ou encore entre Clémence Raharinirina, conseillère municipale élue sous les couleurs du TIM, donc membre de la plateforme Firaisankina, et Harifidy Ramanandraibe, conseiller municipal du parti Tia Tanindrazana, ne sont que des exemples parmi tant d’autres. Ajoutant à cela des élus qui font double jeu et participent activement à ces rencontres en tant qu’agent de renseignement du pouvoir. Une pratique vieille comme le monde. Des élus TIM mettent d’ailleurs en garde leurs partisans sur l’existence des mercenaires politiques qui n’ont pour mission que d’affaiblir et de museler l’opposition.
Julien R.