Tôt le matin, le gymnase couvert de Mahamasina a été quadrillé par de nombreux éléments de l’Emmoreg.
« Le retour au pouvoir monarchique et au despotisme ». C’est la constatation des leaders de l’opposition par rapport à la situation politique actuelle. En effet, les anti-HVM haussent le ton par rapport à l’interdiction de toutes les manifestations politiques. « Un régime qui interdit aussi bien les manifs en salle que les manifs organisées dans un lieu public est tout simplement un régime dictatorial », martèle-t-on. Une réaction à la manifestation prévue samedi dernier par le « Mitsangana ry Malagasy » et le « Malagasy Mivondrona ho an’ny Fanorenana » mais qui a dû être annulée au dernier moment à cause d’une nouvelle forte mobilisation des forces de l’ordre. Enième manifestation ratée donc pour l’opposition. Tôt le matin, le gymnase couvert de Mahamasina a été quadrillé par l’Emmoreg. Le portail d’entrée a même été cadenassé. Plusieurs centaines d’éléments ont été mobilisés à cette occasion.
Autorisation. Il convient de noter pourtant que la Commune Urbaine d’Antananarivo a déjà octroyé une autorisation pour la tenue de cette manifestation. Sylvain Rabetsaroana, un des leaders du mouvement MMF a fait savoir que dans la nuit de vendredi, la CUA a encore confirmé l’autorisation. L’interdiction de la manif n’aurait été décidée que vers minuit. Pourtant, durant une entrevue avec des leaders du MMF, en l’occurrence de Maharavo Ratolojanahary et Holijaona Raboana, le Commandant de la CIRGN Analamanga, le Général Florens Rakotomahanina aurait donné son feu vert, mais a tout simplement mis en garde contre toute tentative de débordement. L’Officier Général n’a donc pas tenu parole, puisque les forces de l‘ordre ont complètement verrouillé les entrées au gymnase couvert de Mahamasina. Vers 8 heures du matin, les propriétaires des matériels de sonorisation ont été sommés de plier bagage. Les responsables logistiques ont également dû désinstaller les chaises qui ont pourtant été installées dans la nuit de vendredi. Même les services d’ordre auraient été sommés d’enlever leur tenue de travail. D’après les explications, les forces de l’ordre auraient même menacé de saisir les matériels. Au cours d’une rencontre avec la presse, le Général Florens Rakotomahanina a expliqué que la Préfecture de Police d’Antananarivo a réquisitionné les forces de l’ordre pour interdire la tenue de cette « manifestation non autorisée ». Considérant qu’une manifestation en salle n’a pas besoin d’une autorisation émanant de la Préfecture de Police, les leaders du « Mitsangana ry Malagasy » ont tout simplement avisé cette dernière. En quelque sorte, le Préfet de Police par intérim a décidé d’ignorer complètement la Commune Urbaine d’Antananarivo qui a déjà autorisé la tenue de la manif.
« Diktat ». Arrivés à Mahamasina vers 13h30, les Pety Rakotoniaina, Hajo Andrianainarivelo, Sylvain Rabetsaroana, Alain Andriamiseza, Christine Razanamahasoa, Lanto Rakotomanga et consorts ont exprimé leur consternation face au « diktat » du régime. Après l’échec de la négociation menée avec les responsables de l’Emmoreg, les leaders de l’opposition ont décidé de déplacer leur manifestation à Andrefan’Ambohijanahary. Ils ont profité de cette occasion pour réitérer que « le régime HVM n’est plus capable de diriger le pays ». Le président du « Malagasy Miara-Miainga », Hajo Andrianainarivelo n’a pas mâché ses mots pour dénoncer entre autres, « l’incompétence et l’incapacité des dirigeants actuels à gérer convenablement les difficultés subies au quotidien par la population, la violation répétée de la Constitution et des lois en vigueur, l’injustice sociale, ainsi que les intimidations faites à l’encontre des opposants ». Il accuse également Hery Rajaonarimampianina de « haute trahison ».
Enième manifestation ratée donc pour l’opposition. Toutefois, les leaders prévoient de revenir à la charge. Alain Andriamiseza a laissé entendre : « Si le régime interdit les meetings dans un endroit clôturé, nous allons donc réclamer une place publique ». En effet, le « Mitsangana ry Malagasy » envisage de déposer une demande d’autorisation auprès de la CUA en vue d’organiser une manifestation sur la place de la démocratie à Ambohijatovo samedi prochain. Certains observateurs accusent l’opposition de manquer de stratégie et de charisme pour faire face à l‘offensive du régime.
Davis R
