La décentralisation est au centre de toutes les attentions. Le projet de morceler la capitale en six mairies urbaines fait débat. Il alimente les conversations du public. Mais il n’y a pas d’équivoque. Le « diviser » la ville en six sépare plus qu’elle n’unisse. Les partisans de cette option sont combattus comme si un tel projet n’a aucune raison d’être et ne mérite même pas d’être posé. La plupart des gens défendent bec et ongles la Ville des Mille sans partition. L’idée d’un maire unique est bien ancrée dans les esprits. Il n’est pas question pour les habitants d’aller à contre-courant des « rois» de l’Imerina qui n’avaient eu comme ambition que d’agrandir et d’unifier la ville.
Option déterminante
Les députés sont en difficulté. Leur choix n’est pas encore fixé. Il suffirait d’un mot d’ordre politique, ou bien une pression bien soutenue, sonnante et trébuchante, pour que l’Assemblée nationale ne déroge à ses habitudes et réalise le miracle. Une Ville des Mille partagée en six communes urbaines avec un maire et maire en chef pour l’ensemble. Un parti politique d’accord en partie a exprimé sa désapprobation si le maire qui préside l’ensemble n’est pas élu au suffrage universel. L’idée n’est pas mauvaise en soi car ne pourra gérer la capitale que celui ou celle qui émerge d’une compétition électorale en bonne et due forme de l’ensemble des électeurs. Un maire pour chaque arrondissement n’a pas que des inconvénients, même si tout le monde fait la sourde oreille devant le projet. Des quartiers délaissés de la Capitale ressentent un grand besoin d’une meilleure gouvernance. L’insécurité grandit, les petites ruelles ne sont pas éclairées depuis longtemps. Les trottoirs sont envahis par des marchands, l’hygiène devient un luxe face à la défaillance de la voirie. Des immondices par-ci, des ordures par-là. Les « fokontany » ont du mal à maîtriser avec leurs faibles ressources l’anarchie dans divers domaines, qui se développe sous leurs yeux. Un maire d’arrondissement devrait pouvoir mieux les aider à améliorer leur environnement qu’un maire de la capitale. Les projets d’amélioration dans les quartiers, les idées de proximité venant des citoyens, ont plus de chance d’aboutir avec un maire plus proche des habitants que celui qui a à gérer une capitale entière. Ceux qui se rendent compte des faiblesses et des lacunes à combler dans la gestion de la mairie de la capitale ne roulent pas pour autant vers la partition en six communes urbaines. Ils soutiennent l’idée qu’un bon maire arrivera toujours à atteindre les plus isolés et lointains quartiers par des projets innovants et performants. Mais le dernier mot appartient aux députés. Leur option sera déterminante pour l’avenir de la capitale.
Zo Rakotoseheno
