
Visiblement, le Premier ministre Ntsay Christian veut s’attaquer aux vrais problèmes de ce pays avant de passer à une élection.
Modification des organigrammes et nomination aux hauts emplois de l’Etat. Tels sont les deux principaux menus des deux Conseils de gouvernement qui se sont succédé depuis la formation de l’actuelle équipe gouvernementale. La publication du calendrier électoral semble reléguée au second plan alors qu’elle constitue, d’après le Premier ministre de consensus Ntsay Christian lors de sa passation de service avec son prédécesseur Mahafaly Solonandrasana Olivier, l’une de ses principales missions. Lors du premier Conseil de gouvernement, six ministres ont pu faire adopter les nouveaux organigrammes ou les organigrammes modifiés de leurs départements. Et mercredi dernier, cinq autres ministres y étaient parvenus. Sur le plan technique, il ne devrait y avoir aucune raison pour justifier la modification de l’organigramme d’un ministère si le nouveau ministre ne serait là que pour cinq mois. C’est le cas actuellement, car le gouvernement Ntsay est un gouvernement d’élection. Normalement et si les conditions techniques, matérielles et financières réelles pouvant assurer des élections libres, honnêtes et transparentes sont réunies (décision HCC n°18-HCC/D3 du 25 mai 2018), une élection présidentielle anticipée devrait se tenir avant le 24 novembre de cette année. Par contre, pour les ministères nouvellement créés ou ceux dont les intitulés ou les dénominations ont subi des changements, la modification des organigrammes s’impose. C’est le cas du ministère de l’Eau, de l’Assainissement et de l’Hygiène (nouveau ministère), du ministère de l’Aménagement du Territoire et des Services fonciers ou du ministère de la Fonction publique, de la Reforme de l’Administration, du Travail, de l’Emploi et des Lois sociales.
Réformes. Ces changements au niveau des organigrammes et des hauts responsables au niveau des différents ministères sont autorisés par le Premier ministre Ntsay Christian, qui est le chef de l’Administration. Mahazoarivo donne cependant des instructions aux membres du gouvernement pour éviter les abus. « Le népotisme et le favoritisme sont des comportements à éviter concernant les nominations des membres des cabinets et du staff technique en donnant priorité aux compétences. Il est formellement interdit de nommer des membres de cabinet par complaisance. Chaque membre de cabinet doit avoir une description des tâches. » recommande la Primature. En cinq mois donc, les ministres doivent d’une part, modifier les organigrammes de leurs ministères et placer les personnalités en qui ils ont confiance à la tête des secrétariats généraux, des directions générales et des directions de leurs départements ministériels et d’autre part, entreprendre les actions proprement dites qui contribuent à l’accomplissement des missions assignées à l’équipe gouvernementale. Sur le fond, les objectifs et les réformes annoncés hier par le Premier ministre devant le Parlement sont ambitieux. Or, ce n’est pas en cinq mois qu’on peut en même temps éradiquer l’insécurité, reformer l’Administration et préparer les élections. Le Premier ministre Ntsay Christian l’a même reconnu lors de la présentation de son programme de mise en œuvre de la politique générale de l’Etat en soulignant qu’il serait difficile d’organiser une élection dans des conditions qui ne permettent pas aux citoyens d’exprimer librement leurs choix. L’insécurité et la mauvaise gouvernance (politique, économique, juridique, ou encore sociale…) constituent un frein à la restauration de ce climat favorable à la tenue d’élections. Raison pour laquelle l’Administration Ntsay veut visiblement s’attaquer aux vrais problèmes de ce pays avant de passer à une élection qui ne pourrait que plonger Madagascar dans une nouvelle crise postélectorale si les conditions ne sont pas réunies. Le chef du gouvernement veut-il enclencher le processus de refondation de Madagascar ? En tout cas, on attend ce matin à 10 h ses déclarations par rapport à ces multiples questionnements.
R. Eugène