La société civile se penche de plus en plus en profondeur sur les finances publiques, en particulier la Loi de finances par rapport à la Politique générale de l’Etat et le budget général de l’Etat.
A deux mois de la prochaine session parlementaire, le Collectif des Citoyens et des Organisations Citoyennes (CCOC) a franchi une autre étape dans le renforcement de la compréhension des organisations de la société civile (OSC) de l’importance de la loi de finances et leur rôle dans le processus budgétaire. Le vendredi 29 août 2025, des membres des OSC et des membres des secteurs socioéconomiques du pays, ont tenu une réunion en vue de la collecte des recommandations sur le Projet de Loi de finances 2026. Une réunion au cours de laquelle ce fameux document totalisant plus d’un millier de pages a été explicité aux OSC afin d’en faire un outil de plaidoyer. En effet, ce document qui constitue un cadre légal de gestion des Finances publiques, est avant tout un outil de mise en œuvre des politiques publiques à travers lequel l’Etat assure l’équilibre financier et économique. Autrement dit, ce document est pour la société civile, un instrument de transparence et de responsabilité.
Exemples chiffrés
C’est à ce titre que des exemples chiffrés, issus d’une analyse budgétaire préalable, ont été présentés durant cette réunion. En font partie les chiffres relatés dans les lignes budgétaires de plusieurs secteurs. Celui de l’éducation dispose de 13,5% du budget général de l’Etat, une proportion qui n’a jamais atteint les normes de 20% indiquées par l’UNICEF, avec des écarts constatés entre les zones rurales et les zones urbaines. De même, le secteur santé ne dispose que de 7%. Ce secteur figure parmi ceux dépendant essentiellement des subventions extérieures. Par ailleurs, les OSC ont soulevé quelques interrogations sur les Services techniques déconcentrés, disposant de 5% du budget général de l’Etat et cela, sur quatre années successives. L’analyse fait également mention de « 62,1% des CSB non fonctionnels et un manque de personnel sanitaire, avec en parallèle la multiplication des documents de planification mais finalement inefficace avec des incohérences ».
Quant au secteur Eau-Assainissement-Hygiène (EAH), il reste à 4% sur plusieurs années successives. En 2025, autour de 600 milliards d’ariary, soit presque le double de 2024. Cependant, la planification sectorielle et les démarches de planification, d’investissement et surtout, de priorisation, suscitent quelques interrogations. Le concept de priorisation a été soulevé dans les analyses, notamment la prise en compte des priorités sociales par rapport à d’autres secteurs ne touchant pas directement la communauté en termes de survie.
Porte-voix
Cette réunion était ainsi une occasion pour les organisations de la société civile, de discuter sur le langage à adopter et le regard à porter par les OSC sur les constats relatifs à la politique générale de l’Etat et le budget général de l’Etat, en comparaison avec le projet de Loi de finances. Parmi les questions, une nouvelle fois soulevées, figurent celles portant sur les destinataires finaux des transferts financiers ; les taux plus hauts de l’affectation budgétaires en faveur des soldes et du fonctionnement des entités publiques par rapport à la mise en œuvre des activités proprement dites ; sur la dépendance de plus en plus forte aux subventions extérieures ; et enfin, sur les recettes. « Cette démarche de suivi des finances publiques permet de garantir la transparence des finances publiques, de prévenir les dérives budgétaires, de favoriser la participation citoyenne, et d’évaluer l’impact des politiques publiques afin de renforcer la confiance dans les institutions et d’assurer la redevabilité de l’Etat envers les citoyens », a-t-il été indiqué. C’est ainsi dans l’optique de redevabilité, d’inclusion et de transparence que le CCOC a tenu à recueillir les propositions des membres de la société civile sur les priorités budgétaires du PLF 2026, et d’identifier les politiques publiques à renforcer ainsi que les mesures à envisager de leur part. Une démarche visant à valoriser le rôle des OSC comme porte-voix des besoins des citoyens. La prochaine étape pour les OSC est alors de « faire entendre la voix de la société civile sur ce PLF 2026 vis-à-vis du ministère en charge des finances, et des parlementaires ».
Hanitra R.