
Il va entrer ce mardi en session ordinaire, comme l’a prévu la Constitution. Mis à part les sujets de routine et l’adoption habituelle de la loi de finances, la question relative à la création de la nouvelle région intéressera également les deux chambres pour cette occasion. Le projet de texte portant sur la création de la 23ème région est déjà préparé par l’exécutif. Et ce nouveau texte entérinera cette promesse faite par Andry Rajoelina durant sa campagne électorale. Le chef de l’Etat, quant à lui, a déjà effectué une large consultation auprès des notables de l’actuelle région Vatovavy Fitovinany, laquelle va être alors scindée en deux prochainement, pour faire passer le message. En effet, « cette séparation prévoit d’accorder respectivement aux régions Vatovavy et Fitovinany trois districts chacune ; et propose que le district d’Ikongo forme la région Fitovinany avec Manakara et Vohipeno ; tandis que la région Vatovavy sera composée de Ifanadiana, Nosy Varika et Mananjary », a noté la présidence de la République.
Polémique. Toutefois, le découpage fait polémique, et même la majorité est partagée sur la question. Le député d’Ikongo issu du parti présidentiel à l’Assemblée nationale, Brunel Razafintsiandraofa, roule pour l’intégration de son district dans la région Vatovavy, et non dans celle de Fitovinany, si la création de la nouvelle région est effective. À Ikongo, des voix s’élèvent aussi pour défendre cette position du vice-président de l’Assemblée nationale. Mais la machine semble être déjà en marche pour le camp de l’exécutif, qui va présenter sans nul doute un texte qui s’alignera avec l’annonce du président de la République. Le débat sur le sujet risque alors d’être vif à la chambre basse. En tout cas, concernant le découpage envisagé, Andry Rajoelina a annoncé qu’ « il s’agit d’une division administrative et non d’une division ethnique ».
Répression. De son côté, l’opposition va profiter du passage de l’exécutif aux deux chambres pour se manifester sur des cas qui ont accentué ces derniers temps les tensions dans le microcosme. Le parti Tiako i Madagasikara (TIM) ne ratera pas cette session pour affronter l’exécutif sur l’affaire Tiko S.A. La firme agroalimentaire de Marc Ravalomanana a connu des déboires avec l’administration fiscale, avec des milliards d’arriérés d’impôts qui sont en jeu. Et récemment, des bâtiments du groupe ont été démolis dans le port de Toamasina après la publication d’une décision de justice. Face à cette situation, les parlementaires du parti TIM, soutenus par d’autres formations politiques de l’opposition, sont montés au créneau pour dénoncer une « répression à fort relent politique ». Une délégation de parlementaires du parti et d’autres personnalités de l’opposition ont alors organisé un voyage « politique » la semaine dernière à Toamasina pour aborder ce sujet.
Grand déballage. Au niveau du Sénat, la température est déjà montée à quelques jours de la rentrée parlementaire de ce mardi. La réunion politique tenue jeudi dernier par le parti majoritaire au Sénat, le Hery Vaovao ho an’i Madagasikara (HVM), a déjà annoncé un avant-goût de l’ambiance qui attendra le gouvernement dans cette chambre. Les sénateurs sont remontés contre l’exécutif après l’effectivité de la coupe budgétaire dont devrait faire face l’institution jusqu’à la fin de cette année, qui correspond, notons-le, à la fin également du mandat de l’actuel Sénat. La réaction a été très vive pour le président du Sénat, Rivo Rakotovao, qui n’a pas mâché ses mots devant la presse, jeudi dernier, pour assimiler le coup à « une autre forme de discrimination faite par le régime ». Le coordonnateur du HVM et consorts ne seront pas alors tendres face au gouvernement, qui devrait défendre auprès des deux chambres parlementaires le budget 2021. Et le grand déballage risque alors d’atteindre son summum pour ce dernier rendez-vous institutionnel entre le gouvernement Ntsay et les opposants dirigés par Rivo Rakotovao au Sénat.
Rija R.