Quand on dit à Nini qu’il est une icône du rock malgache, il commence par sourire car il est bien loin de se considérer comme un monstre sacré. Et pourtant avec le groupe Kiaka, il a fait vibrer au moins trois générations d’amateurs de cette musique électrisante. Trente ans après leur début sur scène, lui et ses camarades sont toujours aussi fringants et comptent bien continuer à mettre le feu dans les salles où ils se produisent. Retour avec Nini sur cette carrière qui n’est pas près de se terminer.
Nini, vous savez qu’il est difficile de vous qualifier de « papy du rock » quand on voit votre apparence et cette mine éclatante que vous arborez. Depuis combien d’années animez-vous la scène rock malgache ?
Le groupe va célébrer son trentième anniversaire en 2016 et il va le marquer par de nombreuses manifestations tout au long de l’année prochaine. Mais d’ores et déjà, nous allons précéder l’événement en 2015. Je ne considère pas les termes « papy du rock » comme péjoratif car ils expriment un certain respect. Il faut les prendre dans l’acception « expérimentés ». Nous faisons partie des plus anciens dans la musique rock malgache et nous continuons à faire des concerts pour un public qui nous est toujours fidèle. Aux admirateurs de la première heure, se sont joints leurs enfants et même parfois leurs petits-enfants. Nous faisons partie comme Iraimbilanja des locomotives du rock malgache, qui sont toujours appréciées.
Comment qualifierez-vous votre musique rock ? Quel courant musical représentez-vous dans ce milieu qui, aujourd’hui, ne semble plus aussi vivant que dans les années 90 ?
Le milieu rock des années 2000 n’a, c’est le vrai, plus le même dynamisme que celui des années 90, mais notre musique plaît toujours autant à nos admirateurs. Nous avons remarqué que le public aime plutôt les morceaux langoureux et lors de nos concerts, nous en interprétons beaucoup. Mais nous faisons toujours du hard rock et quand nous interprétons des tubes comme « Soavaly metaly » ou « Andrianampoinimerina », les spectateurs se lèvent et se trémoussent. Aujourd’hui, nous faisons de nombreux concerts « live » que nous appelons concerts « best of ».
Vous n’êtes pas seulement rocker, vous chantez aussi ce qu’on appelle « hiran’ny omaly ». Comment concilier le « feeling » du rock avec cette sensibilité musicale plus malgache ?
Je suis le fils de Gaston Andrianony, l’un des grands artistes des années soixante et j’ai grandi dans l’ambiance musicale de ces années-là. Je me sens redevable de ces grands noms de la chanson malgache et ces derniers temps, je me suis mis à interpréter certaines de leurs compositions avec Mahery et Poun. Nous avons fait des concerts « rock and folk » qui ont plu au public.
Le rock, cependant, continue à être le pilier de votre carrière musicale. Pouvez-vous nous dire ce que vous a apporté le rock sur les plans artistique et humain ?
Le rock m’a beaucoup apporté. Grâce à lui, je peux dire que j’ai pu faire le tour du monde car il m’a permis de voyager. J’ai fait des concerts en Europe, aux Etats-Unis et au Canada. Le rock que je fais n’est pas anglosaxon, il est malgache. Il se distingue par la sensibilité bien malgache qu’il véhicule et dans tous les pays que j’ai visités, il a eu l’effet que j’escomptais. Notre musique a touché le public.
Trente ans après ses débuts, Kiaka est l’un des groupes phares du rock malgache. La célébration de son trentième anniversaire marquera donc l’année 2016. Sans entrer dans les détails, pouvez-vous nous donner un aperçu du programme des manifestations ?
La célébration de ce trentième anniversaire se fera essentiellement en 2016. Mais un avant-goût va avoir lieu cette année. Vendredi prochain, nous nous produirons au Paprika. Le 3 avril, nous serons à l’Akany Nambinintsoa. Le 24 avril, nous mettrons le feu au Mioto Voary à Alasora. Le 1er mai, ce sera le Piment Café.
Propos recueillis par Patrice RABE
