- Publicité -
jeudi, août 21, 2025
- Publicité -
AccueilCultureParole d’artiste. Hamy Ratovo : « Ce qu’il nous faudrait, c’est que...

Parole d’artiste. Hamy Ratovo : « Ce qu’il nous faudrait, c’est que l’Etat mette en place une vraie structure effective pour continuer à porter haut notre culture sur la scène internationale »

hamy-ratovoSon long métrage est sans aucun doute la production malgache la plus primée et la plus projetée dans les festivals et autres rendez-vous cinématographiques, non seulement dans la zone Afrique mais également en Europe et en Amérique. Aujourd’hui, Hamy Ratovo se consacre à un nouveau projet de long métrage, il nous en parle, nous fait part de son avis sur le cinéma malgache mais revient également sur le parcours de « Malagasy Mankany ».
« Malagasy Mankany » a été primé à différents festivals du monde entier. Est-ce que vous continuez dans ce sens ? « Malagasy Mankany » a été projeté pour la première fois au Cinéma Ritz de Tana en décembre 2012. Le film a donc trois ans cette année. Dans la plupart des cas, les festivals internationaux sont constamment en recherche de nouveaux films. Ce qui fait qu’ils ne sélectionnent que des films qui n’ont pas plus de deux ans dans le circuit. Toutefois, « Malagasy Mankany » continue d’être projeté aussi bien à Madagascar qu’à l’étranger. Quelques fois dans le cadre de festivals qui n’exigent pas que les films soient “récents”, comme le cas dernièrement du Festival du Film Oriental de l’Ile de La Réunion, mais plus fréquemment lors de projections privées organisées par des particuliers. Pour l’instant, à défaut d’une structure d’exploitation viable au pays, nous n’avons pas vraiment d’autres choix pour le montrer. Contrairement à la plupart des productions locales, ce film ne comporte effectivement pas de placements de produits de sponsors qui permettent d’amoindrir les frais de diffusion. Donc, si vous voulez projeter le film dans le cadre d’un événement privé, vous pouvez nous contacter à l’adresse suivante: amy.productions@yahoo.com ».
Les objectifs ayant été atteints avec « Malagasy Mankany », quels sont les projets en cours ? « Nous voulions faire un film de réflexion sous un habit de film populaire dans le dessein d’être sélectionné par des festivals internationaux. C’est ce qui s’est passé. Le film a même surpassé nos attentes car il a obtenu plusieurs prix, d’Hollywood à Tana en passant par l’Europe et l’Afrique. Nous voulions accéder au circuit des festivals internationaux. Pas pour y pavaner mais afin de montrer le potentiel qui existe à Madagascar, afin d’attirer des partenaires internationaux. Grâce, en partie au succès de « Malagasy Mankany », cette année j’ai été invité au festival de Cannes avec mes coproducteurs pour participer à la Fabrique des Cinémas du Monde (un programme qui a été mis en place par l’Institut Français, dont l’objectif est d’aider les cinéastes à trouver des partenaires internationaux) et y présenter mon projet de film « Madagasikara Tanindrazanay ».
Suite aux rencontres faites au festival de Cannes, cette année j’ai principalement pour objectif d’améliorer le scénario de « Madagasikara Tanindrazanay » afin d’avoir les meilleures chances pour accéder aux fonds nécessaires pour sa production. Pour cela, je compte participer à des résidences d’écritures. Contrairement à mon premier long métrage qui a été autoproduit et pour lequel j’ai quasiment fait 80 % de ce qu’il y avait à faire pour que le film existe, je veux faire ce nouveau projet avec pour objectif d’intégrer l’industrie internationale. Le but est de faire en sorte que le film soit produit avec des moyens et des supports internationaux (techniques et humains). Si le projet se fait comme on l’espère, ce sera bénéfique pour le cinéma malgache dans le sens où les techniciens locaux qui vont pouvoir participer à cette aventure pourront grandir de cette expérience et ça aura une répercussion sur les projets locaux auxquels ils participeront plus tard. Dieu sait combien notre cinéma local a un grand besoin de se familiariser avec les standards internationaux s’il veut grandir et s’exporterToutefois, je n’ai pas fait qu’écrire « Madagasikara Tanindrazanay » depuis la sortie en festival de « Malagasy Mankany » en 2012. Le cinéma est un art qui a besoin d’être pratiqué pour qu’on y trouve sa propre voix. Par conséquent, je n’ai jamais cessé d’écrire, d’expérimenter et de tourner dans la mesure de mes possibilités. J’ai entre autres développé un projet intitulé « Antananarivo tiako ianao », qui au départ était censé être un opus de plusieurs courts métrages sur la ville d’Antananarivo, faits en collaboration avec plusieurs réalisateurs, le tout monté autour d’une histoire commune. On a tenté la chose mais les films qui en sont sortis étaient trop différents en termes de contenu, de texture et de manufacture pour pouvoir être tressés ensemble. Ayant moi-même réalisé deux courts métrages dans cette aventure, je continue à développer ces deux films pour en faire un autre projet toujours sous l’appellation « Antananarivo tiako ianao ».
Le cinéma malgache a le vent en poupe à l’international, sans que l’Etat ou le Ministère de la Culture malgache lui témoigne d’une quelconque reconnaissance ou le soutienne…
« En effet !  De 2012 à 2014, « Malagasy Mankany » a porté haut le flambeau malgache dans le domaine du long métrage de fiction. En 2015, le long métrage documentaire « Ady Gasy » de Lova Nantenaina prend le relais. Parallèlement, le court métrage « Madame Esther » de Luck Razanajaona brille dans sa catégorie. Les choses avancent dans le bon sens et plusieurs projets sont actuellement en développement. Ce qu’il nous faudrait maintenant c’est que l’Etat prenne conscience de cette richesse et qu’il mette enfin en place une vraie structure effective pour que tous ces efforts quasiment individuels puissent avoir le soutien qu’ils méritent pour continuer de porter haut notre culture et notre drapeau sur la scène internationale. Je ne dis pas ça pour mon prochain projet de film, car personnellement j’ai déjà prouvé que je peux produire sans attendre que l’Etat bouge un doigt. Je dis ça pour que les talents émergents et les cinéastes en devenir malgaches ne partent pas ailleurs à défaut de ne pouvoir exprimer leurs potentiels et leurs talents localement. La fuite des cerveaux est un des fléaux qui minent ce pays et c’est le rôle de l’Etat d’y remédier. Et qu’on ne vienne pas me dire que ce que je demande est impossible car des pays d’Afrique sont en train de le faire pour ne citer que le Sénégal
 »!
Propos recueillis par Mahetsaka

- Publicité -
Suivez nous
414,384FansJ'aime
12,533SuiveursSuivre
1,820AbonnésS'abonner
Articles qui pourraient vous intéresser