La plainte pour suspicion de corruption dans l’exportation de litchis malgaches déposée par Transparency International au parquet national financier de Paris est déjà entre les mains des magistrats de cette juridiction.
L’étude du dossier déposé par Transparency International concernant des suspicions de malversations dans la filière litchi de Madagascar est déjà en cours au niveau du parquet national financier de Paris. Un signalement a été transmis par cette ONG le 10 novembre dernier pour saisir cette juridiction française concernant l’exportation de litchis malgaches vers les pays européens. Des faits de corruption sont dénoncés par Transparency International et seront à l’origine de la plainte. « Le signalement est actuellement à l’étude », a affirmé une source judiciaire française qui a été contactée par notre rédaction. Les magistrats français sont alors à pied d’œuvre pour fouiller sur le dossier transmis par Transparency International. La solidité de son dossier est soutenue par l’ONG. La branche malgache de cette ONG qui milite contre la corruption a affirmé « avoir détenu beaucoup de preuves » concernant les faits de corruption qu’elle reproche dans le circuit de l’exportation des litchis vers l’Europe.
Compétence
L’étude de la plainte avance. Des « suites » ont été « données à ce signalement » confirme toujours notre source à Paris. De son côté, la Transparency International attend que les
« autorités judiciaires en France fassent toute la lumière sur les suspicions de malversations afin qu’elles identifient les éventuels coupables de ces infractions et qu’elles prennent toutes les mesures appropriées pour rétablir la justice, l’équité et la transparence dans la filière litchi ». L’ONG a déjà identifié « des faits potentiellement punissables sur le territoire français et qui concernent des acteurs français et malgaches du commerce de litchi entre Madagascar et l’Union européenne ». Le parquet national financier de Paris, pourtant, préfère encore garder le silence si le signalement de Transparency International est recevable ou non. Néanmoins, cette juridiction française précise qu’elle peut recevoir des associations « des plaintes ou dénonciations relevant de son domaine de compétence, notamment la corruption, le trafic d’influence, le détournement de fonds publics, la prise illégale d’intérêts, le favoritisme, la fraude fiscale aggravée, l’escroquerie à la TVA, le blanchiment, le délit d’initié ou autres abus de marché ».
Pression internationale
Dans le pays, une plainte a été également déposée par la branche malgache de Transparency International, le 10 novembre dernier, auprès du pôle anti-corruption. Mais trois semaines après le signalement, cette juridiction spécialisée n’a pas divulgué les suites qu’elle a données à la saisine de l’ONG. Celle-ci met en cause des sociétés françaises et malgaches et cite le groupement des exportateurs de litchi (GEL). Malmenés, les dirigeants de cette association des professionnels de la filière, quant à eux, n’ont pas digéré la démarche de dénonciation initiée par Transparency International et décident également de poursuivre en justice les dirigeants de l’ONG. Le GEL a donc porté plainte contre son président de conseil d’administration, Dominique Rakotomalala, et sa directrice exécutive, Ketakandriana Rafitoson. Ces deux activistes deviennent gênants devant les yeux des exportateurs de litchi qui les accusent de « dénonciation calomnieuse, dénonciation abusive, dénigrement et désorganisation ». Mais face à la pression internationale traduite par une mobilisation inédite de toutes les chancelleries occidentales dans le pays, la justice a désamorcé la situation.
Rija R.